Another Kind of Eden
Traduction: Christophe Mercier
Texas forever, La maison du soleil levant, Robicheaux, New Iberia Blues, Une cathédrale à soi, Les jaloux. Depuis ses débuts, Nyctalopes a toujours été au rendez-vous des sorties de James Lee Burke que je considère, et de très loin, comme le meilleur auteur de noir ricain, tendance un peu cowboy du sud, à cheval entre Texas et Louisiane avec quelques incursions jusque dans le Montana ou au Colorado comme ici.
James Lee Burke a écrit, depuis ses débuts… en 1965, plus d’une quarantaine de romans dont certains sont toujours inédits en France. L’homme, que je pense immortel, a quand même 88 ans et s’il est aidé maintenant par sa fille Alafair également romancière, ses livraisons annuelles s’apparentent néanmoins à de petits miracles. Par ailleurs, une info qui ravira les fans, Robicheaux revient dans deux jours dans les librairies américaines dans une histoire au titre sobre mais prometteur « Clete ».
James Lee Burke est surtout connu pour sa série autour des enquêtes de Dave Robicheaux qui, aidé de son pote Clete Purcel, s’oppose aux puissants et défend les pauvres et les déshérités du bayou de Louisiane à New Iberia. Le top pour beaucoup de fans de Burke. Il a aussi écrit une autre série autour de la famille Holland, originaire du Texas et que l’on retrouve à différentes époques de l’histoire américaine ou texane. Dans cette saga Holland viennent se glisser trois romans autour de Aaron Holland Broussard que l’on a découvert ado des années 50 dans Les jaloux et qu’on retrouve adulte dans le Colorado, au milieu des années 60. La fin de cette trilogie, Every cloak rolled in blood, est déjà sortie outre atlantique.
« L’Ouest américain des années 1960 donne encore l’impression d’une nature édénique. Le romancier Aaron Holland Broussard (de la célèbre famille Holland) fait « la route » à bord de wagons de marchandises, pour trouver l’inspiration. Il s’arrête dans la région de Denver où il va faire la connaissance de Joanne McDuffy, une jeune étudiante douée pour la peinture. Ils éprouvent une attirance réciproque quasi immédiate… » mais chez Burke, il n’y a jamais très loin de l’Eden à l’enfer et Aaron va le connaître pour sauver Anne Jo, victime de ses mauvaises fréquentations. Une fois de plus les grands thèmes de Burke : la résilience, la rédemption, la filiation sont encore au rendez-vous. Son héros Aaron, écrivain en herbe, a beaucoup de traits de caractère identiques à Robicheaux. Certaines anecdotes ou situations ont déjà été racontées mais une fois de plus le talent de l’écrivain fait son œuvre et dès les premières pages, le vieux Jim, roi de l’incipit vous embarque. Les figures du mal sont, une fois de plus, terrifiantes et la crainte est amplifiée par des petits passages plus obscurs, à la limite du surnaturel, où on ne sait plus où est la réalité, la vérité.
Comme toujours chez Burke, les héros représentent le bien qui part en croisade contre les représentants du mal qui sont connus, identifiés dès le départ. Ces derniers temps, Burke y ajoute des pincées de surnaturel à doses homépathiques. Le roman prend son essor autour de ce combat cruel qui se termine souvent, mais pas toujours, par une fusillade digne d’un western.
Tout en restant assez succinct sur cette belle histoire où Aaron découvre la douleur de la désillusion et la cruauté de l’homme, ajoutons qu’ Un autre Eden, écrit par la plume mélancolique belle à en pleurer d’un James Lee Burke au sommet de son art porte un titre qui l’habille parfaitement.
« Depuis cette nuit dans le canyon, je n’ai jamais craint la mort, et elle ne me fait plus broyer du noir. J’irai même plus loin. Depuis cette nuit, je n’ai plus jamais eu peur de rien, ni dans ce monde ni dans le monde à venir. »
Clete.
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