A Man Named Doll
Traduction: Lazare Bitoun
Cela faisait une dizaine d’années qu’on n’avait plus lu Jonathan Ames, depuis Tu n’as jamais été vraiment là, adapté à l’écran en 2017 avec Joachin Phoenix sous le titre A beautiful Day. On doit aussi à l’auteur la sublime série Bored to Death mettant en scène Jason Schwartzman dans le rôle d’un écrivain en mal d’inspiration nommé Jonathan Ames qui décide un jour, dans la fumée d’un joint, de devenir détective privé à NY.
“Happy Doll, alias Hank Doll, une cinquantaine d’années, habite Los Angeles. Il est détective privé le jour et vigile dans un salon de massage la nuit, après une carrière dans la Navy et dans la police. Lorsque son ami Lou Shelton vient lui demander de lui donner un rein qui lui sauvera la vie, il hésite pendant une nuit. Cependant, le lendemain matin, les choses se compliquent alors que Lou vient s’écrouler, mortellement blessé par balle, dans ses bras et lui confie, avant d’expirer, un gros diamant. Commence alors pour Hank toute une série de péripéties rarement agréables, sur les traces des assassins de Shelton dans les bas-fonds de L.A.”
Ah, quel bonheur de rencontrer ce Happy Doll, détective contemporain qui a beaucoup appris de ses illustres prédécesseurs de papier. Il a juste adapté son comportement et ses addictions à son époque. Terminé les clopes et le single malt, ici on tourne aux joints et aux amphets. Beaucoup de casseroles dans la vie d’un Hank la cinquantaine pas réellement fringante. Mais il fait contre mauvaise fortune bon cœur et on voit d’emblée que c’est un mec bien, qui fonctionne à l’affectif et ne cherche pas vraiment à s’enrichir dans son job. Il ne dépareillerait pas dans l’œuvre d’un Elmore Leonard ou dans les enquêtes de Scudder de Lawrence Block.
Pour comprendre la mort de son meilleur ami, Hank va prendre tous les risques et mettre en péril les seuls êtres qui comptent pour lui : George son chien et Monica la barmaid à qui il a du mal à déclarer sa flamme. Si au départ, on peut penser à une comédie policière avec multiples clins d’œil aux vieux polars ricains, on file rapidement vers le pulp, le hardboiled. Happy Doll va vraiment morfler et son corps sera l’objet de multiples attaques dont les dernières seront bien dérangeantes. On entre dans une criminalité pas souvent décrite dans le polar et quelques scènes rappellent l’effroyable Prélude à un cri de Jim Nisbet. Pour autant, si le roman est souvent traversé d’épisodes violents, il ne tombe jamais dans le gore, la violence inutile. On est vite pris, difficile de s’en extraire. Et déjà pointe une grosse envie de lire la suite The Wheel of Doll sorti aux USA en 2022.
Un bon polar, vraiment, une histoire de détectives au délicieux parfum vintage et ça fait un bien fou.
Clete.
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