Des milieux et des êtres de mondes étrangers, parallèles, se croisent, se confondant dans un pêché capital que pourrait être le mercantilisme. Des activités obscures derrière les tentures sombres plongent des acteurs dans la légitimité respective de leur fonction et leur parcours de vie. Face à l’absence de scrupules d’une part et les tentatives moralisatrices d’autre part, on plonge dans notre monde aux contours abscons et à des vérités que l’on ne saurait voir !
« Dans les quartiers Nord de Paris, des enfants roms disparaissent. Un ex-médecin légiste égaré dans l’humanitaire quémande de l’aide auprès d’un ancien collègue, capitaine de la PJ. Celui-ci accepte, à contrecœur, de s’engager dans une affaire aux ramifications inattendues. Entre des négociants maghrébins associés à un groupe mafieux russe, un photographe au talent discutable, une clinique privée réservée à une clientèle richissime, des interventions parallèles de la DGSI et Marjiana, la jolie Rom au charme déroutant, le capitaine Alain Dormeuil, réchappé d’un univers de violence et en convalescence d’amours malheureuses, finira par réaliser que Machiavel avait raison : « Il ne faut jamais faire le mal à demi… »
Sur une trame et une construction à plusieurs entrées initiales on rentre dans ce roman noir à tous les étages. Puis les chemins se croisent, prennent une direction commune, pour nous révéler des accointances, des liaisons dangereuses entre institutions dont les vitrines sont rutilantes mais masquent une arrière cour nauséabonde. Il semble toujours y avoir un pas de porte propre, voire scintillant, mais l’énergie vicieuse des hommes décide bien souvent de pervertir le tableau.
La thématique centrale du trafic d’organes pose aussi le problème éthique, déontologique, dans un même temps, de la lutte de classes. Car le propos de Lionel Fintoni reste, en exergue, de montrer et de démontrer que nos sociétés présentent plusieurs faces. Et parmi celles-ci il y en a des sombres, des très sombres. Ne nous laissons pas bercer par tant d’illusions pourrait être aussi la morale de son conte cruel et ouvrons les paupières en grand, grattons le vernis du clinquant en tentant de résoudre les énigmes de notre temps.
J’ai retrouvé en filigrane des points communs avec les ouvrages de Gianni Pirozzi tel Sara la Noire ou Romicide autant dans le discours que dans la plume. Et c’est avec un attachement certain pour les personnages croqués par Fintoni que l’on progresse dans ce marigot urbain. Ils ont cette naturelle complémentarité, ce côté cliché pour certains mais qui confère à l’ensemble une humanité riche et des sentiments de lecture empreints d’alacrité. Il n’y a donc pas de choses nouvelles dans cet écrit mais force est de constater que l’on s’y attache par le traitement des thématiques et les faiblesses humaines des protagonistes.
Le critère du roman noir le plus définitif n’est- il pas la question que l’on peut, légitimement, se poser : est-ce un roman ?
Chouchou
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