« C’est la nuit du 12 juillet 1998, celle d’ I will survive. Ce que la chanson ne dit pas, c’est à quel prix.
Les Ateliers Cybelle emploient la quasi-totalité des femmes de Vrainville,Normandie.Ils sont le poumon économique de la région depuis presque cent ans,l’excellence en matière de sous-vêtements féminins,une légende – et surtout une famille.Mais le temps du rachat par un fonds d’investissement est venu,effaçant les idéaux de Gaston Lecourt, un bâtisseur aux idées larges et au cœur pur dont la deuxième génération d’héritiers s’apprête à faire un lointain souvenir. La vente de l’usine aura lieu dans l’indifférence générale.
Tout le monde s’en fout. Alors ce qu’il faudrait, c’est un mort.
De la corniche aux heures funeste de Vrainville,vingt ans se sont écoulés. Le temps d’un pacte , d’un amour,des illusions, ou le temps de fixer les destinées auxquelles personne n’échappe. »
Pendant une bonne centaine de pages Hervé Commère prend le temps de poser toutes les données de son histoire et de donner les cartes à ses lecteurs. Ensuite l’histoire s’étale sur plusieurs parties, plusieurs actes dans lesquels comme souvent chez Hervé Commère on l’impression de dérouler une bobine de fil. On tire dessus et des pièces de puzzle, nouvelles ou vues sous un autre angle, apparaissent les unes après les autres pour prendre leur place dans le tableau.
C’est évidemment toujours aussi agréable et fluide à lire,toujours ce sens rythme dans les phrases,toujours cette musicalité des mots.
Ce qu’il nous faut c’est un mort fait écho à Nicolas Mathieu et son Aux animaux,la guerre en prenant racine dans une actualité sociale et économique. C’est un roman de lutte qui parle vrai lui aussi,c’est un roman choral riche en personnages qui oscille en permanence et volontairement entre pessimisme et optimisme,espoir et désespoir, entre médiocrité humaine et humanisme lumineux.
L’avenir nous appartient et il sera ce que l’on en fera. Ou pas.
On ne sait pas,on verra.
Fab.
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