Traduction: Céline Romand-Monnier
Après Tu me manqueras demain et Rendez-vous au paradis, voici la troisième aventure de l’ex-flic norvégien très cabossé Thordkild Aske. L’auteur, Heine Bakkeid, a réussi lors de ses premières livraisons à m’accrocher sérieusement à un héros scandinave, moi qui ne suis pas le meilleur client pour les polars dits nordiques. Un toxico du Daily Mail, dans un délire de drogué, a déclaré un jour que “Stephen King s’est trouvé un héritier norvégien”. Rien à voir avec l’empereur du Vermont pourtant mais bien sûr l’édition internationale s’est jetée sur cette connerie de stagiaire troisième pour la mettre en exergue en couverture, sur le bandeau ou en quatrième de couverture. Faut bien vendre et tous les arguments sont bons y compris les plus fallacieux.
Heine Bakkeid écrit juste des bons polars, plutôt intelligents, aux enquêtes très, très fouillées, aux dénouements surprenants. Ils sont matière à réflexion sur des thèmes très actuels, l’éco terrorisme dans celui ci. C’est déjà bien non ? Alors, évidemment si vous prenez le train en marche, il vous manquera quelque chose pour comprendre quelques gags récurrents ou clins d’oeil de l’auteur à ses “fidèles” mais rien de bien rédhibitoire pour suivre le calvaire de Thodkilld qui définit ainsi son récent parcours:
“J’ai fait trois ans et demi de prison après avoir conduit une femme à la mort en étant sous GHB. J’ai été radié des cadres de l’Inspection générale de la police et j’ai une lésion cérébrale à l’amygdale suite à une tentative de suicide.” Pas vraiment réjouissant comme tableau mais bien sûr erroné et incomplet (cf Tu me manqueras demain).
Et puis la Norvège, ça change un peu de l’Islande. Un pays de 350 000 habitants et de 350 000 écrivains. “Travaille bien à l’école mon enfant, plus tard, tu raconteras des histoires tristes aux Français, ils sont très friands de notre monde désolé…” Je n’en peux plus des -Son et des -Dottir. Tout irait donc pour le mieux dans le meilleur des mondes si, à l’image de son illustre compatriote Jo Nesbo, Heine Bakkeid n’avait pas décidé de faire voyager son héros et ses tourments…, oh le c..!!! en Islande.
“L’ex-flic Thorkild Aske est de retour à Stavanger, sur le droit chemin de la réinsertion professionnelle. Sa consommation de médicaments est sous contrôle, un brillant avenir de fabricant de chandelles se profile à l’horizon.
Mais c’est sans compter cette urgence qui l’envoie en Islande avec sa sœur Liz. Après vingt-cinq ans, il revoit son père, Úlfur, un vétéran de la lutte environnementale, qui vient d’être écroué pour meurtre.”
Et l’Islande, à la recherche de l’innocence de leur père, Thordkild et Liz vont l’arpenter en long en large, surtout les coins les plus inhumains, là où l’île est battue par les embruns, les vents, la pluie, la neige et autres précipitation non réellement définies. C’est une redécouverte d’un territoire qu’ils ont quitté il y a plus de vingt-cinq ans en fuyant avec leur mère ce père et mari toxique. Thordkild et Liz n’ont aucun doute quant au fait que leur père soit un beau salaud mais de là à tuer sa jeune compagne d’une vingtaine de balais…
A cette intrigue familiale se greffent de manière plus générale les problèmes environnementaux liés à une sur industrialisation de l’île ainsi que l’histoire d’un milieu écolo en Islande qui n’a nul besoin de Sandrine Rousseau pour s’entre-tuer. Du danger et beaucoup d’incertitudes pour l’infortuné Thordkill, et Wikileaks et le FBI dans les parages pour corser l’affaire…
Encore une fois, un polar très malin au suspense parfaitement entretenu.
Clete
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