Chroniques noires et partisanes

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SAO PAULO CONFESSIONS de Gérard BON / La Manufacture De Livres


Sampa, Sao Paulo, la « Suisse » du Brésil est le théâtre d’une enquête liée à une disparition. Menée par un avocat en simili-perdition professionnelle mais, surtout, personnelle, il s’escrime à définir les circonstances entourant cette disparition. Rapidement, aisément, on aura défini pour qui la référence pour cet homme volatilisé. Il ne fait aucun doute que cette star aussie correspond à ce rocker ténébreux lesté d’un passé ténébreux accompagné par « les mauvaises graines ». Implicitement, l’auteur nous livre son attirance musicale pour l’artiste de talent. Les vicissitudes d’une existence parsemée de drames, d’addictions, de décisions tumultueuses ponctuant, par la même, le récit pour tenter de détricoter une trame de vie. Pas de plages, de farniente, de naïades sculptées à l’envi par des coups de scalpel, pas de jeux de ballons, on est dans une réalité brute sans ponctuations.

«Dans les rues de São Paulo, sans laisser d’autres traces que sa Porsche garée sur un parking, Franck Cage a disparu. Volatilisé à quelques semaines de son grand retour musical, alors que sur sa vie nul danger ne semblait planer. Le mystère débarque dans le bureau de Dino Emanueli, avocat, sous les traits de la troublante femme du rockeur bien décidée à découvrir la vérité. Commence alors pour Dino une plongée dans les mystères de São Paulo et dans le passé du sulfureux musicien.

São Paulo Confessions nous initie aux délices et aux démons de la tentaculaire ville brésilienne en compagnie d’un avocat charmeur et épicurien qui devra se perdre sur toutes les pistes de cette enquête pas comme les autres. »

Le doute n’est pas permis quant à la complexité des choix artistiques, intrinsèques, de ce zikos tourmenté mais consumé par une indicible appétence de création. Or les doutes subsistent sur le terrain chaotique de la nébuleuse des compagnons, des partenaires l’entourant. La fresque s’opacifie et les investigations semblent emprunter une voie sans issue. Mais, pour autant, Dino ne s’en laisse pas compter et trouve des « bénéfices » secondaires à cet imbroglio.

L’auteur nous dépeint ses personnages avec une certaine faconde tout en jouant sur des paradoxes et des inflexions inattendues. C’est peut-être ce point où le manque de fluidité et de cohésion prégnant assèche l’ensemble. L’élan semble bon mais l’impulsion manque un peu de mordant, de consistance, de conviction. Des trous d’air apparaissent dans le roman et dérèglent son rythme, sans pour autant le décrédibiliser, qui insidieusement s’essouffle. Les personnages restent bien croqués mais ne s’insèrent pas dans une tension constante.

Confessions partielles!

Chouchou

RETOUR à MARSEILLE de Gérard Bon/ La Manufacture

Lancé dans une investigation journalistique, en vue d’une édition manuscrite, un pigiste « parisiano-aveyronnais », pléonasme, se voit balancer dans les cordes de l’affaire brûlante et mythique de la tuerie du Bar de la Poste. (Référence non feinte au Bar du Téléphone).

Porté par ce souffle catabatique sur la ligne Paris-Marseille, les confrontations multiples des contrastés milieux phocéens verront un parcours cabossé, épicé, d’un homme aux prises avec ses failles et les entrelacs d’une cité minée par son ancestrale histoire.

«  Nous coulerons de plus en plus sans toucher le fond. »

« Une phrase empruntée à Leonardo Sciascia, le chroniqueur angoissé de l’Italie des années soixante dix. En se revendiquant de l’auteur de « Il Contesto », Gérard Bon annonce la couleur : certes, Marseille n’est pas la Sicile et l’Etat en France est sans doute moins gangrené que son voisin transalpin, mais des passerelles existent. Dans ce roman noir il se livre à un exercice de mise en abîme passionnant.

Un journaliste reçoit la commande d’un éditeur : il doit se rendre à Marseille et revenir sur la tuerie du Bar de la Poste qui a défrayé la chronique il y a des années auparavant. Revenant dans un Marseille contemporain, il va mener une enquête complexe et pleine de surprises.

Inspiré de l’affaire du Bar du Téléphone, règlement de comptes au cours duquel dix personnes ont été tuées dans un bar du quartier du Canet dans le14e arrondissement de Marseille, affaire largement reprise par les médias nationaux et qui contribua à entretenir la « mauvaise réputation » de Marseille, le livre de Gérard Bon, au-delà de l’intrigue policière (qui a commandité ce massacre ? S’agit-t’il d’un complot fomenté par des barbouzes ou des membres du SAC ?) donne à réfléchir sur les rapports que nous entretenons avec cette ville que nous voyons sous le spectre de la violence digne des tragédies antiques qui la déchire parfois. »

La ligne brisée d’une âme  sèche et coupable d’addictions délétères renferme notre personnage central dans une morne plaine de sa vie sociale limitée, répétitive, marquée par le sceau de l’échec. Embourbé mais, pour une fois, déterminé dans sa quête d’une vérité, de la vérité il s’évertuera à prendre le pouls d’une ville tentaculaire dans sa géographie que par son organisation « sociale ». Aux prises avec les poncifs séculaires de la polis portuaire, le yo-yo, le va et vient avec forces de police et pions de l’échiquier du « milieu » emmèneront le scribouillard sur les traces morses d’un flic-auteur passé à trépas.

 Dans ce court récit, qui remplit de manière juste les lignes, des passages dédiés à la région natale de notre protagoniste sont d’une beauté d’estampes et d’émotions lyriques sincères. Bien que condensé, l’auteur mêle des faits intriqués, comme l’évocation du juge Michel, un salon Polar, un éditeur spécialisé dans le noir marseillais, pour un résultat où l’on ressent comme dans une partie de tarot que le directeur de notre lecture tente d’emmener au bout le « petit ».

 

 

Chouchou.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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