Chroniques noires et partisanes

Étiquette : folio policier

L’ HONORABLE SOCIETE de DOA et Dominique Manotti / SN et Folio policier.

« À la veille de l’élection présidentielle, des cambrioleurs dérobent l’ordinateur de Benoît Soubise, responsable de la sécurité au Commissariat de l’énergie atomique. Les choses tournent mal, Soubise est tué. Mais une webcam a filmé toute la scène… Le commandant Pâris de la Brigade criminelle se lance sur la piste d’un groupuscule «écoterroriste», tandis qu’en haut lieu on le presse – un peu trop – de conclure son enquête. »

Sortie aujourd’hui en folio d’un grand roman récompensé en 2011 par le grand prix de la littérature policière.

Même écriture sèche, précise, informée, Politique mais non politisée, puissante et révélatrice des coulisses du pouvoir et des affaires de la France et du monde, Dominique Manotti et DOA, deux monstres du roman noir français avaient tout pour se rencontrer tant, malgré des carrières et des parcours différents, ils empruntaient les mêmes sentiers qui mènent à la connaissance, à la véritable information. A l’origine un projet télévisé avorté pour Canal +, le scénario  a été retravaillé par les deux lanceurs d’alerte qui n’ont pas renoncé pour créer ce roman à quatre mains qui m’a fait hurler de bonheur quand j’ai appris cette « union » en 2011. Depuis, ils ont continué excellemment chacun de leur côté avec un brillant « Or noir » pour Dominique Manotti et par un monstrueux Pukhtu dont paraitra la deuxième partie en octobre pour DOA.

Alors le monde politique, des médias, des services de l’état et des affaires présenté dans ce roman est bien dégueulasse, puant, mais cinq ans après sa parution , »l’honorable société » reste hélas toujours d’actualité pour montrer cet univers des puissants prêts à tout pour assouvir leur soif de pouvoir, de richesses en écrasant tous ceux qui les gênent. Le contenu de l’information en 2016, pourtant bien édulcoré offert par les médias actuels, offre de nombreuses tristes similitudes avec le roman sauf que ce que nous vivons n’est pas de la fiction.

Un choc essentiel et indispensable.

Wollanup.

NATURAL ENEMIES de Julius Horwitz/Folio policier

Julius Horwitz a écrit neuf romans, deux ont été publiés en France « journal d’une fille de Harlem » et celui-ci. Ecrit en 1975, il est sorti en France en 1977, a été réédité avec intelligence par les éditions La Baleine en 2011 et reparaît chez Folio pour les retardataires comme moi. Ce roman a aussi fait l’objet d’un film (introuvable) réalisé en 1979 par Jeff Kanew, spécialiste de séries B policières.

C’est un roman coup de poing, glaçant, terrible, sans concession. On peut le voir comme l’envers du décor du rêve américain mais il est transposable à n’importe quel coin du globe où on ne vit pas uniquement pour sauver sa peau ou pour trouver de la nourriture. On est dans les sphères très aisées des familles unies, des demeures cossues où le confort et la qualité de vie sont tels qu’on peut se préoccuper d’écologie et d’alimentation bio…Il date de la moitié des seventies mais il est parfaitement d’actualité sauf pour New York qui n’est plus l’enfer de l’époque. Ce roman noir est vraiment fortement déconseillé aux personnes psychologiquement fragiles.

Paul Steward, journaliste renommé, éditeur à succès a décidé qu’il tuerait sa femme et ses trois enfants avant de se suicider ce soir au moment du dîner. C’est simple, implacable et nous allons vivre heure par heure sa dernière journée au bureau en espérant que ses rencontres, son vécu vont lui faire changer d’avis, retrouver la raison. Apparemment, il a tout pour lui : réussite professionnelle, une vraie famille avec trois beaux enfants même si sa femme artiste souffre de dépression, une vie que tout le monde est prêt à lui envier mais que lui ne supporte pas ou plus.

Tout au long de cette journée étouffante, on va espérer l’acte ou la parole qui va le réveiller. Au fil des pages de plus en plus tendues quand approche la fin, on tente de comprendre ce qui le motive, quel est son mobile. Pour ma part, je n’ai rien trouvé à part la folie, la dépression de sa femme comme le rejet de la société capitaliste ne justifiant pas de si lamentables desseins. Et l’horreur dans « Natural Enemies »… pas de justifications, pas de causes plausibles ou visibles…

Les derniers chapitres sont effroyables.

Vous n’êtes pas près de connaître à nouveau un tel choc, ce roman est un authentique chef d’œuvre noir mais soyez bien préparés à la tragédie que vous allez lire.

Wollanup

PS : Prévoyez un Westlake, un Haskell Smith ou un Dorsey pour vite enchaîner !

 

 

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