Traduction: Elisabeth Peellaert
Jonathan Dee, né en 1962 à New-York, enseigne le creative writing à la Columbia university, il écrit pour The New York Times Magazine et Harper’s Magazine.Suivant Les Privilèges, consacré par le prix Scott Fitzgerald et découverte étrangère de l’année 2011 par le magasine Lire, La Fabrique des Illusions et Mille Excuses. Ce présent ouvrage représente son quatrième édité chez Plon.
La loupe grossissante, sur une société américaine en perte de repères, diffracte les idéaux et la nature même des hommes qui la peuplent. De cette bourgade du Massachusetts s’extrait un exemple type d’un système atone qui perd son relief et l’essence, la nature intrinsèque de ceux qui ont contribué à échafauder leurs forces. Forces, qui concomitamment, sont leur talon d’Achille, le grain de silice grippant des rouages huilés de prime abord. Cet ouvrage nous décrira de parfaite manière ces travers et apposera en exergue la désillusion morne d’une nation qui avait un rêve.
«Howland, petite ville du Massachusetts, attire de nombreux riches vacanciers venus de New York. Mark, lui, fait partie des locaux. Entrepreneur en bâtiment, il peine à joindre les deux bouts depuis un placement hasardeux. Lorsque Philip Hadi, un richissime gestionnaire de fonds d’investissement, s’installe dans la maison d’à côté, cela ne se fait pas sans heurt. Le quotidien de Mark et de sa famille se transforme lentement…
Quand Hadi se lance en politique et devient maire de Howland, modelant par petites touches la ville à son image, le fossé se creuse encore un peu entre le New-Yorkais et les habitants de la petite ville. »
Personnages campés, profils réalistes sortant d’un manichéisme surfait, utopique structure, ce récit qui pourrait se rapprocher, par certains aspects et par son style, d’un reportage écrit fourni, donnant le temps au temps.Le point d’arrimage primaire semble être à dessein le 11.09.2001. Il illustre avec emphase la dualité d’une population et sa capacité à renvoyer des images, des vertus contradictoires faisant le sel de paradoxes assumés (ou pas!). On pourrait aussi s’interroger sur un éventuel déterminisme politique binaire qui n’entrevoit pas de point intermédiaire à leur propre réflexion, et aux actions qui en découlent. Jonathan Dee possède, sans doute, la faculté effective de décrypter sa société par un prisme spécifique, certes, qui néanmoins peut avoir une valeur standard, voire universelle. L’étoffe du roman réside bien par sa lucidité, par un message sous jacent sans fard ni compromissions. Il a cette volonté manifeste de narrer une histoire dans l’Histoire présente sans attributs ostentatoires, de détournements superfétatoires qui ouvre, par la même, les prémices étiologiques de l’avènement de leur 45ème président…On comprend mieux dans ce cadre, somme toute banni de problématiques sociales, ou sociétales, majeures, la genèse d’un désabusement qui infiltrera différentes couches du peuple américain.
Ce livre est un éclairage franc de la nation à la bannière étoilée en nous proposant la mise à plat de fondements politiques mis à mal au niveau national, mondial, à l’échelle local. La politique surtout dans l’étymologie de la vie de la cité et par extension les acteurs qui la constitue. On est donc bien face à un document résolument romancé important qui dilate les pupilles et instille une réflexion légitime, structuré sur ce qui nous entoure sans s’arrêter sur des concepts de frontières éculées.
Lecture enrichissante par ses mots et ce qu’il y a derrière ces mots!
Chouchou.
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