« Une vie de poupée » est un roman écrit par un duo d’écrivains suédois, il s’inscrit dans une trilogie autour du thème de la mélancolie. Il en est le 2ème opus totalement indépendant et ça tombe bien, n’ayant lu aucun autre ouvrage du duo.

Le roman nous emmène en Suède dans un pays plus sombre et glauque que la carte postale habituelle.

Le thème est la prostitution et la pédopornographie, et la narration est très crue, sans filtre, droit au but. Les personnages principaux sont deux jeunes adolescentes, Nova et Mercy, l’une suédoise, issue d’une famille disloquée sur fond d’alcool, et l’autre d’origine nigérienne, ayant fui son pays avec sa famille pour échapper au terrorisme, seule rescapée du voyage.

Les deux amies se retrouvent dans un centre de jeunes filles cabossées par la vie et sont suivies par Love Martinsson, leur thérapeute qui tente de les reconstruire. À chacune une histoire différente, le lien commun est une vie brisée par le sexe sale, la violence, la prostitution.

L’une d’entre elles se suicide, une enquête est ouverte, le détective Kevin Jonsson entre en scène et va bien entendu croiser sur sa route Nova et Mercy. 

Les deux filles sont en cavale suite à une mauvaise passe et ont quitté le foyer. Elles sont prêtes à tout pour gagner suffisamment d’argent et réaliser leur rêve, repartir d’une page blanche, loin de toute cette merde.

Leurs péripéties font froid dans le dos, elles se vendent à des hommes aux profils variés, souvent pères de famille aux situations confortables. Parfois par Webcam, le plus souvent au contact. Ces hommes assouvissent leurs fantasmes les plus sordides. Certains passages sont difficiles d’autant que l’écriture est très imagée. Pour oublier la douleur et faire le job, l’usage d’alcool et de drogue est nécessaire, les filles sont des poupées, de simples jouets entre les mains d’adultes répugnants.

En parallèle, Kevin continue d’enquêter et se retrouve vite face à ses propres démons, lui aussi a morflé petit, tout remonte à la surface lors de l’enterrement de son père quand il recroise son vieil oncle. Il aimerait tellement lui cracher à la gueule sa haine refoulée. Cette enquête est la sienne, celle qui lui permettrait aussi d’aller mieux.

Les personnages sont torturés et on découvre les non-dits dans les familles, les faux semblants derrière le vernis impeccable et ces actes qui brisent l’innocence.

Le roman se compose de courts chapitres et c’est très appréciable car cela permet de reprendre son souffle après les scènes les plus hard ou d’aller vomir pour les plus sensibles avant de poursuivre parce que c’est compliqué de le lâcher. 

« Une vie de poupée » est un très bon roman scandinave alternant entre l’innommable, sans concessions et de belles valeurs empreintes d’espoir.

Nikoma.