Breakers

Traduction: Marc Amfreville

Doug Johnstone est un auteur écossais basé à Edimbourg fort d’une œuvre conséquente de treize romans dans son pays et que nous découvrons aujourd’hui en France avec Breakers daté de 2019.

“Tyler est un adolescent débrouillard qui vit avec sa petite sœur dans l’un des quartiers les plus malfamés d’Édimbourg. Sa mère est une junkie et son grand frère, aussi brutal que toxique, l’oblige à participer au cambriolage des maisons huppées de la ville. Au cours d’un vol, une femme est laissée pour morte, mais Tyler apprendra très vite à qui elle était mariée…”

Tyler est l’exemple type du bon môme né dans la mauvaise famille. Il est continuellement harcelé par son demi-frère, une ordure toxico particulièrement dépravée. Sa demi-sœur, mis à part la violence est de la même engeance, la pire d’un quartier délabré de la capitale écossaise. Qu’à cela ne tienne, Tyler fait contre mauvaise fortune bon coeur. Il tente de tenir à flot une mère alcoolo et toxico ne vivant que pour la dose ou la bouteille qui lui permettront de partir égoïstement dans des paradis artificiels. Mais il y a aussi Bean, sa petite sœur, adorable petite boule de tendresse qu’il tente de protéger de la laideur du monde, sa seule raison de ne pas fuir avec d’autres horizons forcément plus accueillants.

“Il fallait à peine dix minutes en voiture pour passer des quartiers les plus déshérités d’Edimbourg aux résidences des millionnaires.” Le terrain de chasse est donc très proche et le frère de Tyler peut ainsi pratiquer de pitoyables cambriolages, lui assurant l’argent nécessaire pour se farcir les narines de cocaïne. C’est aussi l’occasion d’extérioriser cette violence jusqu’au jour où ça dérape, le barbare poignardant la femme d’un des caïds de la ville.

Le roman qui avait mis un peu de temps à montrer le caniveau dans lequel se débat Tyler s’accélère et devient méchamment flippant, la tension rendue terrible par les agissements incontrôlables du frangin abruti qui met la vie de toute la famille en danger. L’histoire devient violente, effrénée et parfois apte à vous briser le cœur. On reprochera éventuellement à Doug Johnstone d’en faire beaucoup dans le pathos, dans la narration d’un univers noiricissime, mais on tient avant tout un bon roman noir, solide, dur et en même temps très émouvant, touchant.

Clete