Sûr que, ce matin-là, il y a une raison très terre à terre à l’incommunicabilité du couple. C’est forcément costaud pourtant, un couple qui s’est aimanté à un concert bordelais de Parabellum ! Le 11 novembre 1988 peut-être ? Pour un festival du label Gougnaf au Théâtre Barbey, avec également les Thugs, Rats et Sheriff au casting ? Je crois qu’un journaliste de Best et Vernon Subutex avaient fait le déplacement aussi. Il faudra que je demande à l’auteur…
Il n’en demeure pas moins qu’une promesse est une promesse, surtout celle faite à un enfant. Et Fabien ne tient pas la sienne, privilégiant les autres au détriment des siens. C’est sans doute louable, mais douloureux. Alors Carole claque la porte, pour 72 heures, direction la maison de pécheur de son père décédé. Hélas un squatteur occupe les lieux et froisse son besoin de retraite méditative. D’autant que le Samir en question n’a pas accaparé les murs pour profiter de l’iode et du paysage. Chacun sa cavale en somme. Ça crée des liens finalement, des écheveaux de liens même, entre ceux qu’ils ont filés depuis l’enfance sans le savoir et ceux qu’ils se mettent à tisser au présent. Les décennies s’emmêlent, les photos oubliées ressortent des tiroirs, les anciennes addictions aussi.
De cette conjonction de cumulus noirs assez macabre, Mouloud Akkouche (dont on appréciera une fois encore la limpidité) extirpe néanmoins quelques éclaircies inattendues. D’un match déséquilibré sur le papier entre la mort et la fuite, il tire la structure inédite d’une très agréable novella. Si la palette classique d’un texte noir démarre souvent du clair pour s’enfoncer dans l’anthracite, celui-ci remonte plutôt le courant de la suffocation vers l’oxygène. Et tout le monde peut reprendre son souffle. Sauf Fabien. Tant pis pour lui, il n’avait qu’à tenir sa promesse. Mouloud Akkouche, lui, tient les siennes.
JLM
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