« Max Rochefort, dandy parisien et feuilletoniste à succès, croise le chemin de Giovanni Riva, jeune employé du journal Le Matin. L’excentrique Rochefort prend le jeune homme à son service dans son atelier d’écriture. Mais la réalité rattrape les meilleurs scénarios issus de l’imagination de Max: lors d’une soirée mondaine, un cardinal est retrouvé mort, atrocement mutilé dans sa chambre d’hôtel. Sous pression politique, la Sûreté doit désigner un coupable rapidement. Pour sauver une jeune innocente accusée du crime, Max et Giovanni se lancent dans l’enquête… Entourés d’une ligue de gentlemen extraordinaires – l’écrivain Gaston Leroux, l’aéronaute Louis Paulhan, le psychologue Alfred Binet et bien d’autres –, ils seront conduits des splendeurs aux bas-fonds du Paris bouillonnant et amoral de 1909. »
Oh, le beau roman que voici et qui je l’espère plaira au plus grand nombre tant il regorge de qualités et fait montre d’une culture et d’une intelligence de l’auteur pour combler le lecteur en quête d’un polar tranchant avec le formatage que l’on retrouve tellement.
Avant tout Dominique Maisons redonne des lettres de noblesse au roman-feuilleton popularisé au 19ème et au début du 20ème et tombé dans l’oubli depuis longtemps sauf en de quelques étincelles plus ou moins récentes comme « l’aliéniste » de Caleb Carr ou « l’interprétation des meurtres » de Jed Rubenfeld grands devanciers anglo-saxons de « On se souvient … » et dont le cadre est New York. Ici, on est à Paris à la même époque et d’ailleurs Freud est suggéré pour résoudre certains problèmes mais il est à New York dans le roman de Jed Rubenberg justement à tenter de résoudre une autre enquête la même année…
Dans ce décor de la « ville lumière » au début du XXème, Dominique Maisons n’avait pas besoin d’aller chercher ailleurs que dans notre Histoire, nos histoires, la trame héroïque, architecturale, intellectuelle, criminelle, littéraire et sociétale de son roman.
Paris comme décor magnifique, une ville modifiée par Hausmann pour lui faire quitter son aspect médiéval mais dont les mentalités, les modes de vie gardent encore bien des aspects proches du Moyen Age et c’est avec plaisir que le lecteur découvrira de multiples aspects surprenants, cocasses de la vie parisienne de l’époque où dès que l’on s’éloigne du cœur l’existence devient bien chaotique. Dominique Maisons, avec passion, travail et talent a su recréer une ville que l’on sent vivre au fil des aventures des deux héros comme l’avait fait, pour une période plus ancienne, Tim Willocks dans « Les douze enfants de Paris ».
Tout en suivant le rythme effréné du roman, on découvre le Paris qui travaille, la délinquance des « Apaches », la police et les brigades du Tigre, le système hospitalier, les prisons, les asiles psychiatriques, les salles de spectacle, les grands quotidiens, le faste de la bourgeoisie, le cinéma, l’automobile, l’aviation, un monde moderne éblouissant en train d’éclore qui ferait peut-être oublier que la guerre est proche et c’est encore un bel exploit de l’auteur de montrer au détour de dialogues que le chaos, inéluctablement, n’est pas loin.
Nous plongeant dans le Paris de 1909, Dominique Maisons y invite certaines personnes éclairées de l’époque : Alfred Binet, Gaston Leroux, Louis Paulhan, Guillaume Apollinaire pour ne citer que les plus évidents. Et ce cadre magnifique, baroque, cette époque de grandes mutations et ces novateurs sont mis au service d’une intrigue qui va rebondir tout au long de ces 500 pages avec Max Rochefort et Giovanni Riva à pied d’oeuvre pour combattre le mal sur terre comme sous terre et même dans les airs.
Bien sûr, c’est une évidence, les péripéties sont parfois, très rocambolesques mais écrites de manière si intelligente en multipliant les références et les clins d’œil aux grands du genre que c’ en est un régal et que l’on fonce et qu’on tremble comme des gosses avec les héros. Gaston Leroux, Pierre Ponson du Terrail, Maurice Leblanc, Eugène Sue, Pierre Souvestre et Marcel Allain… tous les grands romanciers de l’époque sont ici célébrés, honorés par un Dominique Maisons, très maître de son sujet, au service passionné d’une intrigue riche.
Dans les dernières lignes du roman Giovanni dit « Une bonne littérature d’aventures ne doit pas s’alourdir des états d’âme »… Peut-être mais une bonne littérature d’aventures montre aussi le talent, le travail d’un auteur. « On se souvient du nom des assassins » et nul doute qu’on n’oublie pas non plus le nom de l’auteur une fois le roman terminé.
Magnifiquement rocambolesque.
Wollanup.
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