Deux courbes, deux arcs de vie. Deux destinées, deux passés. Le duo féminin est sur une ligne de départ aux couloirs parallèles. Pour l’une c’est une épreuve de vie, pour l’autre, un choix. Le ciel annonce le tumulte et la grisaille, la collision la noirceur…
«Quelque part en France, deux femmes qui ne se connaissent pas vont se rencontrer le temps d’une nuit. Ensemble, elles vont lutter pour résister à l’assaut d’un commando terroriste. La première endure depuis plusieurs mois le deuil de la plus jeune de ses filles. Elle raconte la douleur, les nuits sans sommeil et les mille gestes du quotidien. La seconde est une tireuse d’élite chargée d’éliminer des criminels de guerre. Entrée dans les services secrets en 1981, elle raconte la fièvre et l’enthousiasme des premiers jours de l’alternance politique puis la lente et cruelle perte des idéaux de sa jeunesse. Sa mission la ramène sur les terres de son enfance à la poursuite de l’auteur d’un attentat. »
Denis Soula, romancier originaire du Lot, vivant en la capitale, est l’un des réalisateurs de Jazz à FIP. Il écrit aussi de temps à autre pour Rolling Stone ou Libération. Cet écrit est son troisième à être édité chez Joëlle Losfeld.
En brossant les esquisses de deux femmes aux parcours antagonistes, il nous soumet à deux couleurs, deux perspectives. Entre celle qui subit et qui observe sa vie et l’autre qui précocement a tenté le pari de l’émancipation violente. S’affrontent alors des philosophies opposées où se conjuguent l’avancée avec un but clair et la crainte du sur-place lestées par la perte de sa chair.
En s’attardant sur ce qui construit ces femmes, ce qui les motive, ce qui les anime, il apporte une profonde empathie pour ses personnages. Il semble creuser le sillon de ces existences avec une acuité émotionnelle, une compréhension non feinte de leurs idéaux. Ce sont pourtant deux femmes qui n’ont plus guère d’illusions mais, pour autant, ne se résolvent pas à l’abandon, au lâcher prise. Elles font montre d’un courage étincelant qui justement éclaire leurs voies respectives.
C’est sous une plume captive de raptus, d’affections, qui exaltent le propos, qu’il nous invite à nous laisser s’émouvoir par la contiguïté de ces deux êtres. Il nous laisse, sans crier gare, nous rendre compte que les parallèles deviennent sécantes.
L’économie du mot, des pages ne souffrent aucunement d’un sentiment d’inachevé bien au contraire, il extrait un substrat de souffle vital au travers SES deux femmes. Ces deux femmes étendards d’une modernité, d’une force viscérale, refusant le déterminisme et la permission de s’infliger un emprisonnement dicté par les accidents de la vie.
Concentré de force!
Chouchou.
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