Traduction: Etienne Gomez

C’est auréolé des louanges de la critique anglo-saxonne, distingué par des prix littéraires et finaliste du prestigieux Man Booker Prize qu’est publié en France en ce début d’année le 4e roman de David Szalay, sélectionné par Granta comme l’un des jeunes romanciers britanniques les plus talentueux de sa génération. En matière de pedigree, il y a moins consistant.

Ce qu’est l’homme est – tandis que l’on débat encore (roman ou pas roman ?), débat qui ne sera pas tranché ici tant il apparaît secondaire par rapport au fond – le kaléidoscope de neuf portraits d’hommes agencés selon différents âges de la vie. Ces hommes ont entre 17 et 73 ans, ce sont des hommes blancs, européens, appartenant à divers échelons de la classe moyenne même si la plupart du temps il faut leur reconnaître un degré de réussite universitaire, sociale ou économique. Ils n’ont pas la même nationalité, ne vivent pas au même endroit mais tous s’interrogent sur le sens de ce qu’est être vivant, en rapport avec leur âge, leur expérience et leurs désirs, ce moment de leur existence où nous les rencontrons. Ce peut être le sexe, la réussite sociale, le bien-fondé d’une relation, le sens d’un parcours…

David Szalay a un œil pour les détails qui donnent de bons instantanés. Où le sinistre domine. En fait, une sorte de blues de l’homo europaeus se dégage et résonne dans la série écrite par David Szalay. Sa vie représentée est faite de mouvements physiques fréquents sur un continent qui a aboli ou adouci les frontières. Mais lui reste enfermé dans de vieux taraudements mâles : « est-ce que je vais baiser ? Si oui, avec qui ? Est-ce que je peux réussir (mieux/plus, à cocher) ? N’est-il pas trop tard pour moi à mon âge ? Où est-ce que j’ai échoué dans tout ce parcours ? ».

Écrit de façon précise, avec toute la tension du présent, ce « roman » propose une vision des hommes de ce début de siècle en plein désarroi, en pleine crise, incapables de se donner une réponse, vision déclinée sans affect aucun, de façon clinique.

Faut-il pourtant abonder dans les éloges ? Les lectrices et lecteurs adultes se feront leur idée. A titre personnel, je dirais que je n’ai pas été plus impressionné que cela par ce texte, par la portée du propos. Les hommes sont mal barrés effectivement en ce début de siècle. Sont-ils seulement les seuls ? La photographie de neuf d’entre eux, englués dans leur questionnement trivialement masculin reste focalisée sur un sous-ensemble établi. Leurs membres, blancs, hétéros semblent sans problème extraordinaire , sans imagination, sans humour non plus. Les paroles qu’ils échangent sont plates. A vrai dire, ces hommes sont fades, inintéressants, rien ne nous rapproche particulièrement de l’un ou de plusieurs d’entre eux.

Il y a une promesse forte qui accompagne ce « roman » de définir ou circonscrire un Zeitgeist masculin. Szalay y contribue mais la répétition d’un même motif sans éclat ne fait pas une démonstration implacable.

Paotrsaout