Cascade
Traduction: Héloïse Esquié
Le romancier canadien Craig Davidson doit sa relative popularité chez nous à l’adaptation de deux de ses nouvelles extraites de son premier opus “De rouille et d’os” dans un film éponyme interprété par Matthias Schoenaerts et Bouli Lanners notamment et réalisé par Jacques Audiard en 2012. Il a signé aussi sous le nom de Nick Cutter plusieurs romans d’horreur comme Troupe 52 et Little Heaven. Sous son nom, on lui doit trois romans parus chez Albin Michel Juste être un homme, Les Bonnes Âmes de Sarah Court et l’excellent Cataract City. Si Cascade s’avère être un recueil de nouvelles, dans les thèmes, il est néanmoins très proche du reste de son œuvre romanesque et se situe autour de cette Cataract City au bord des chutes du Niagara comme beaucoup de ses écrits.
“Non loin de Niagara Falls, une jeune femme s’enfonce dans une forêt enneigée, son bébé dans les bras, après un terrible accident de voiture ; un basketteur prodige hanté par son passé sort de prison ; un ancien pompier se lance à la poursuite d’un dangereux pyromane ; deux jumeaux détenus dans un établissement pénitentiaire pour mineurs se confrontent à leur tragique différence…”
Sept nouvelles et sept claques dans la tronche. Craig Davidson ne fait jamais dans la dentelle, c’est toujours organique, ça pue parfois la testostérone, la mauvaise sueur et le plus souvent c’est sans filtre. Quand il y a violence ou plutôt souffrance, ce qui serait sûrement le maître mot pour Cascade, Davidson ne cache rien. Que ce soient la maladie, physique comme mentale, l’accident, l’anomalie génétique, la dépendance, rien n’est évité, tout est montré.
Ce n’est ni trash ni gore, juste violent comme la réalité qui y est décrite, celle que, souvent, on préfère ne pas voir ou qu’on ignore. Du coup, ce petit tour dans la vraie vie de certains, ça vous pète à la tête. Davidson montre le réel, rend le malheur tangible, dévoile la souffrance et transmet la douleur. Devant nous des personnages vivent leur enfer personnel, mais c’est leur lutte quotidienne ou du moment que veut surtout montrer Davidson. Ces histoires terribles racontant le combat de gens tout à fait ordinaires montrent son empathie pour les anonymes et si le verbe est souvent sombre y compris dans l’humour, il est aussi porteur d’une belle humanité, un peu comme Willy Vlautin mais de manière nettement plus viscérale.
Loin d’une énième histoire des oubliés du rêve américain, Cascade est un bel hommage, parfois difficile, aux gens qui ne lâchent pas dans le malheur, qui luttent dans le caniveau, qui se débattent dans le marigot… les héros de Craig Davidson.
Clete
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