Traduction: Brigitte lethrosne / Nicole Patilloux.

Choucroute Maudite, une ode à la bonne bouffe – de la boustifaille, mais pas que…

« Bienvenue dans le village de Niederkaltenkirchen, en Bavière. Village natal où se retrouve le commissaire Franz Eberhofer pour des raisons de discipline.

Dans sa petite bourgade, le commissaire se la coule douce – des aires de vacances – jusqu’au jour où les membres d’une famille du village meurent dans des circonstances peu banales.

Enfin du travail pour le commissaire Franz Eberhofer. »

Grâce à Rita Falk, nous découvrons un peu de pays, la Bavière, et surtout la vie de ce village au nom difficilement prononçable lorsque nous ne manions pas l’allemand correctement. Ce village a des allures pittoresques, peu accueillant : couvert de neige et gris. Les habitants ressemblent aux personnages peints par Brueghel. En tout cas, ceux-ci semblent heureux de vivre ici. Pourquoi ne le seraient-ils pas ? La campagne, bien que souvent obscure pour les citadins, ne l’est pas pour d’autres ; c’est l’histoire d’apprivoiser les lieux. Dans Choucroute Maudite, les personnages y sont arrivés… et comment !

Choucroute Maudite fait penser à un film, version germanique, des frères Coen : Fargo plus exactement, avec des personnages pour le moins étranges. Franz Eberhofer est un flic aux abords un peu gauches – sa façon de raconter, de parler, est pour le moins spéciale. Evidemment, c’est un ressort d’écriture pour que le personnage soit attachant. Et qu’est-ce qu’on se bidonne en sa compagnie ! Les anecdotes, ses histoires de cœur, ses virées au bar « Chez wolfi »… tout est génial ! Même son chien, Louis II, fait du boudin lorsqu’il n’a pas le droit à sa promenade. Avez-vous déjà vu un chien jouer au grand blessé lorsqu’il n’a pas ce qu’il veut ?

Et que dire de la mémé ? Vieillarde, sourde comme un pot, qui ne mâche pas ses mots, toujours en quête des super-réductions chez Aldi et balance des coups de pieds dans les tibias pour montrer son mécontentement. Et surtout grande cuisinière, qui titille vos papilles tout le long du roman. Avec la peau du ventre bien repue et tendue, l’enquête sera, à coup sûr, une réussite !

Car parlons-en de l’enquête. L’intrigue est classique mais bien trouvée, avec un lot de rebondissements tous aussi originaux les uns que les autres. Mourir écrasé sous un container n’est pas banal. D’ailleurs, c’est cet évènement qui lancera le commissaire dans une enquête effrénée, où sa hiérarchie ne cessera de la prendre pour une buse. A la campagne, rien ne se passe sans que tout le monde le sache !

N’oubliez pas : si un jour vous entendez les Beatles jouer un peu trop fort sur la platine, ne vous étonnez pas de voir Eberhofer tirer sur le disque avec son arme de service !

En un mot : GENIAL !

Bison d’or.