Aussi épaté ce printemps par « Hôtel du grand cerf » que circonspect à la fin de la lecture de « le jardin du bossu », il y a une dizaine d’années, il me fallait bien une nouvelle expérience Franz Bartelt afin de savoir si c’était cette année ou à une lointaine époque que je m’étais fourvoyé dans mon expérience du monde étrange, baroque, décalé et dérangeant de Franz Bartelt.
« Camina est née avec ce caractère infâme. Issue d’une famille de grands déprimés. Tous pensionnés, incapables d’un travail régulier, toujours à pleurnicher, à se plaindre, à courir les médecins, à se bourrer de cachets. Incroyable. Le père s’est flingué. Il était contrôleur des trains. La mère continue de verser des larmes. Les frères et les sœurs ont leurs habitudes à l’asile. L’aîné palpe une pension d’invalidité, tant il se fabrique des idées sombres reconnues par la médecine. Il pense tellement à mal qu’il ne peut même pas éplucher une pomme de terre sans formuler le vœu de tomber, carotide en avant, sur la pointe du couteau. Les grands-parents ne valaient pas mieux. Ils sont toutefois morts de vieillesse. Comme bien des incurables. »
Sorti en 2006 à la SN, « Chaos de famille » a depuis bénéficié d’une réédition chez Folio qui permet de garder en poche ce petit roman par exemple lors d’un weekend ennuyeux dans la belle famille. Si vous attribuez les traits de votre belle-mère à Camina et ceux de votre beau-père au « pauvre » narrateur, votre pensum dominical peut devenir une escale franchement réjouissante. Méfiez-vous néanmoins, votre hilarité peut être mal perçue. Restez mesuré.
Bref, si vous avez envie de vous marrer, si vous aimez l’humour noir, si Dupontel est pour vous une référence incontournable, l’univers de « chaos de famille » est pleinement pour vous. On comprend très vite que ce « chaos de famille » évoque aussi le caveau de famille puisque entamé par la mort de la mère le roman raconte le déclin et la disparition progressive mais régulière d’une famille de grands malades et le qualificatif de grand malade prend toute sa dimension quand on constate assez rapidement que personne ne fonctionne de façon à peu près censée dans ce petit monde très barré.
Alors, d’aucuns diront que l’on ne retient pas grand-chose d’une telle lecture. Certes, néanmoins c’est explosif, ça fuse pendant 224 pages bien trop vite avalées, appréciées et cornées pour faire profiter son entourage de passages particulièrement hilarants malgré ou à cause du côté glauque de la situation. Sûr, ce n’est pas toujours du meilleur goût mais qu’est ce qu’on se marre. A lire toutes les petites digressions n’ayant pas beaucoup de rapport avec l’histoire, on imagine bien le plaisir d’écriture certainement rencontré par l’auteur. Enfin, je ne sais pas ce que consomme Franz Bartelt quand il écrit mais je veux bien la même chose.
Massacre plumitif hilarant.
Wollanup.
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