“Les contreforts du Vercors, abreuvés de soleil et de vent. Une grave lésion cérébrale pousse le capitaine Paul Brunel à retourner sur ses terres natales, racines d’une enfance heureuse. Mais la nature majestueuse cache une ruralité en souffrance. Un paysage de fermes dévastées, des femmes et des hommes acculés jusqu’au point de rupture, l’esprit gangrené par la peur du chaos…
La découverte du corps d’un jeune agriculteur, attaché à des barbelés, fait sortir du bois des criminels déjantés et des complotistes désaxés. Et au milieu, l’ami d’enfance de Paul et sa femme, Elsa, le premier amour du capitaine. Tout autour, la furie des rivières d’eaux vives et le silence des montagnes.”
Le “rural noir “ en écho à l’identique ricain est une forme de noir qui fonctionne bien chez nous. Attention, pour un réussi, combien écrits par des gens qui connaissent de la campagne que ce qu’ils en voient en promenade le weekend ou en séjour sur leurs terres natales prenant parfois l’apparence d’un éden que seul l’auteur est capable de voir, surprenant voire navrant les lecteurs qui vivent la ruralité quotidiennement.
C’est donc un chemin bien risqué qu’emprunte pour son premier roman Alain Choquart. Le nom, si vous êtes un tant soit peu cinéphile, doit éveiller quelque chose en vous puisque le monsieur a une grande carrière de chef op avec notamment dix films avec Bertrand Tavernier puis de réalisateur au cinéma avec Lady Grey et à la tv.
Alors, quand on lit le résumé de l’éditeur, on se dit que ce bouquin sur un flic cabossé qui revient sur ses terres natales et retrouve amis d’enfance et premières amours dans un cadre naturel indompté et inchangé mais dont le peuplement a beaucoup évolué et pas en bien, on l’a déjà lu souvent. Quand se greffe très rapidement un trafic de came d’origine balkanique avec certainement de la violence à venir presto, on a un peu peur d’être saisi d’une très prévisible et encombrante paramnésie. D’accord, Choquart ne fait pas dans l’original et nul ne le lui demande par ailleurs.
Cependant ce roman possède quelques atouts solides. Tout d’abord la plume, dans les descriptions est souvent très juste, donnant de belles images du Vercors, ses reliefs, sa flore et sa faune avec un petit abus sur les oiseaux à des moments parfois incongrus, un peu comme chez Sallis.
Ensuite, le rythme proposé est celui d’un bon thriller, bien cadencé, avec des scènes d’action parfois assez éprouvantes, des rebondissements crédibles, une dramatisation très au point. Ensuite, on ne peut nier un réel talent pour proposer des scènes très cinématographiques (normal direz-vous), qui marquent par leur décorum très élaboré pour inspirer, visualiser une horreur bien présente pendant tout le roman.
Enfin, Alain Choquart prend bien soin de l’humain, racontant les difficultés de vivre en zone isolée de nos jours, des choix difficiles à faire pour tenir, des franchissements de ligne dangereux.
Bref, très classique, ce premier roman d’Alain Choquart se distingue néanmoins par un rythme tendu qui s’avère entraînant et on espère une suite qui gommera sûrement certains clichés initiaux. C’est tout le mal qu’on souhaite à Cette terre que je croyais mienne, bien mal aidée dès le départ par une couverture, dirons-nous, peu engageante.
Clete
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