Court récit de la passion, des passions. On s’engouffre dans la douleur, douleur du corps, douleurs des âmes. L’écriture à quatre mains révèle, sans mièvrerie ni condescendance, la souffrance humorale des adeptes du sport extrême et y conjugue avec aisance et équilibre, une description sensible d’une relation tumultueuse.
« 1985. Par un soir d’hiver, la femme de Serge Ourozewski, gynécologue réputé, meurt en couches. Rongé par la culpab.ilité, Ourozewski part s’isoler dans la forêt de Saoû avec son fils Rémi, âgé de huit ans. Dans ce monde clos, Ourozewski bascule dans la folie.
2014. Baptiste, un étudiant en médecine, participe à une épreuve d’Ultra-Trail dans le Vercors. Il termine deuxième derrière une mystérieuse jeune femme, Marion, qui disparaît sitôt la ligne d’arrivée franchie.
2015. Baptiste prend sa revanche et remporte la course. Après une nuit passée ensemble, Marion disparaît de nouveau en lui donnant rendez-vous l’année suivante. Mais Baptiste ne parvient pas à l’oublier. Il s’installe à Die dans l’espoir de la retrouver. Un jour il découvre les reliefs abrupts de la Forêt de Saoû. Il y rencontre un coureur solitaire. Un homme à la vélocité exceptionnelle.
En poursuivant Marion, Baptiste découvre peu à peu le terrible secret qui la lie à Rémi. La vérité surgira-t-elle au bout du chemin ? «
Jeune étudiant en médecine, Baptiste a une passion celle de courir. Au détour d’un ultra-trail, des révélations sont mises à jour. La première renforce sa détermination pour les courses extrêmes et ses sensations inhérentes. La seconde personnifiée par Marion aiguise frénétiquement et passionnément son attirance physique pour elle.
Au coeur de cet entrelacs de sensations amoureuses se dresse des non-dits, des fêlures, des anfractuosités, des mystères gainés par exutoire de la course tel une allégorie vertigineuse, tourbillonnante.
Cavalier Seul pourrait se sous-titrer “Cavale en solo” car on assiste véritablement, de part et d’autre des protagonistes, à une fuite de leur passé, de leurs histoires, de leurs responsabilités. Personnages attachants, voire doués d’une attirance magnétique, les auteurs ont réussi le pari d’accoupler les thématiques du sport et celle des relations passionnelles ainsi que les vécus intra familiaux . Le résultat en a été de ce court récit une concrète alacrité de lecture.
J’y ai personnellement retrouvé des émotions, l’excitation, les sensations décrites à la pratique d’un sport qui au-delà de l’activité physique revêt un caractère addictif et jouissif malgré la dose d’ambivalence, de souffrances et de déconvenues en pareilles circonstances.
L’adjonction de cette tumultueuse passion amoureuse , qui paradoxalement assombrit l’horizon, “enfante” d’une addiction supplémentaire délétère.
On est bien face à un roman noir qui vous harponne le coeur, la pompe sanguine et la pompe aux sentiments incontrôlés. Jouissance de lecture sur un pan du roman noir peu , voire pas, empruntée, on en ressort ébloui le regard tourné vers l’adret et mélancolique quand celui-ci diverge vers l’ubac.
“ La haine, c’est juste de l’amour en rage”.
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