« Quand Roy est né, il s’appelait Raymond. C’était à Clermont. Il y a quarante-deux ans. Il avait une sale tronche. Bâti comme un Minotaure, il s’est taillé son chemin dans sa chienne de vie à coups de poing : une vie de boxeur ratée et d’homme de main à peine plus glorieuse. Jusqu’au jour où il rencontre Guillemette, une luciole fêlée qui succombe à son charme, malgré son visage de «tomate écrasée»… Et jusqu’au soir où il croise Xavier, l’ex jaloux et arrogant de la belle – lequel ne s’en relèvera pas…
Roy et Guillemette prennent alors la fuite sur une route sans but. Une cavale jalonnée de révélations noires, de souvenirs amers, d’obstacles sanglants et de rencontres lumineuses. »

Premier roman pour Benoît Philippon par ailleurs scénariste et réalisateur du film d’animation « Mune, le gardien de la lune » et tout de suite la consécration avec une publication dans le panthéon de la littérature noire en France, la Série Noire de Gallimard. Il y a pire comme débuts.

« Cabossé » est donc comme l’indique la quatrième de couverture « une cavale jalonnée de révélations noires » de deux personnages qu’on compare dans le récit à « la belle et la bête » ou à « Bonnie and Clyde ». On pourrait aisément évoquer d’autres couples héroïques tirés de la littérature ou du cinéma.

Alors, si vous cherchez un récit bourré de testostérone, débordant d’adrénaline, vous allez être servis dans ce roman comparable à une certaine littérature ricaine qu’on nous offre un peu, beaucoup en ce moment. De la même manière qu’on se promène souvent au fin fond de l’Arizona ou du Wyoming pour découvrir la pire engeance de ces coins abrutie de meth, ici, nous avons une version française, beaucoup moins présente dans les bacs des libraires, quoique, en Auvergne et sans meth mais avec la même violence aveugle.

Il faut souligner que le roman se lit d’une traite, avec beaucoup de plaisir parce que ça bouscule bien et que c’est écrit avec un bel humour et des réflexions notamment sur les Ricains que j’ai trouvées très justes. C’est du brut de décoffrage, du plaisir immédiat mais, pour moi juste immédiat.

Chaque lecteur a ses propres stimuli et ici, sans jamais m’ennuyer, je n’ai jamais vraiment accroché. Fonctionnant à l’empathie, mis à part l’histoire d’une môme de six ans en fin de roman, aucun des deux personnages n’a réussi à m’attendrir. Tous les enfants au physique ingrat et ayant vécu une enfance malheureuse ne deviennent pas des tueurs professionnels et le fait de tuer des « méchants » ne justifie pas une vie de psychopathe. Basé initialement sur des extrêmes, « la belle et la bête », on s’aperçoit que finalement la belle, en matière de réponses démesurées à une « agression », ne laisse absolument pas sa part au chien.

La Série Noire, depuis de nombreuses années, a publié des auteurs français qui sont toujours des indispensables lanceurs d’alerte, des observateurs fins de notre société offrant un message sur le monde que nous vivons, que nous subissons… un réalisme social dur mais ô combien utile que je n’ai pas trouvé ou su voir ici. Je ne remets pas en cause les choix de la collection d’Aurélien Masson, j’ai juste été surpris de ne pas retrouver ici ce qui m’enchante, me provoque, m’émeut, me rappelle, m’informe d’habitude.

« Cabossé », conte cruel, réjouira tous les lecteurs voulant s’offrir un bon shoot de violence et d’humour.

Passé à côté!

Wollanup.