Chroniques noires et partisanes

Étiquette : best of 2017

BEST OF 2017 / Raccoon

À moi donc de me plier à l’exercice du best of de fin d’année. Pas facile, j’ai horreur de la hiérarchie et comment quantifier le plaisir de lecture ? Mais une fois la contrainte de l’exercice acceptée, pas désagréable finalement. Une petite pause, un regard en arrière sur une année de lectures et les plaisirs, les émotions ressenties resurgissent… Bref, voici onze bouquins qui m’ont fortement marquée cette année, classés par ordre alphabétique de titres.

Un roman profond et drôle mettant en scène une belle brochette de losers magnifiquement humains avec un talent et une empathie immenses.

Une atmosphère noire, envoûtante et poétique, des personnages sublimes dépouillés de toute vanité, une plongée au plus profond de l’humanité de chacun avec tout ce qu’elle peut comporter de violence, de noirceur mais aussi d’amour et de rédemption.

Un grand roman d’aventures dans l’Amérique du XIXe siècle, une histoire pleine de bruit et de fureur écrite dans un style époustouflant avec des personnages magnifiques.

De beaux personnages romanesques qui se lient à d’autres, bien réels dont Enki Bilal, l’aventure se marie avec le polar noir de très belle manière.

L’histoire de Médée, pleine de rage et de révolte racontée avec la puissance de David Vann.

Une enfant abandonnée qui recherche sa mère avec un ancien inspecteur alcoolique et une voyante extralucide. Une histoire belle et noire dans une atmosphère étrange mâtinée de surnaturel sur l’amour des mères. Une écriture envoûtante.

Un western sublime, le crépuscule d’un monde sauvage et tout le talent de Larry McMurtry.

Fred Vargas connaît la puissance des mots et des noms. Elle réussit à nous tenir en haleine jusqu’au bout et nous offre un roman fort qui nous confronte au Mal et résonne longtemps après avoir refermé le livre.

Colson Whitehead mêle fiction et réalité avec une puissance extraordinaire pour explorer les pages noires de l’histoire de l’Amérique.

 

BEST OF 2017 /Chouchou.

Alors soyons clairs et honnêtes, 2017 n’a pas été, à mes yeux, une année impérissable tant dans la qualité et sa quantité. Mais, preuve est de constater que je me dédis en inscrivant 13 ouvrages à mon palmarès. Point de classement car je ne suis personne pour s’arroger le droit, l’expertise d’une telle outrecuidance. Je présente, donc, mes lectures, qui conservent une trace forte, indélébile (?), de cette saison dans sa chronologie. Et, décidément, j’aurai pu en mentionner d’autres et le choix reste cornélien….

Les Larmes noires sur la terre de Sandrine Collette/ Denoël

Première claque de l’année et quelle claque! Du noir, c’est noir, l’espoir est relégué au second plan. Une écriture qui s’affirme, qui s’affine, qui s’envole dans un monde où l’avenir semble décidément sombre et exempt de bienveillance. On piaffe d’impatience pour 2018…

Connemara Black de Gérard Coquet/ Jigal

Ecriture et fond tout y est! De l’humour, une peinture de cette région irlandaise et un récit affiné à la Kilkenny. Un très beau moment de lecture dans cette ambiance où pointe un brouillard à trancher à la serpe!

Brigade des Mineurs de Raynal Pellicer et Titwane/ La Martinière

Une fois n’est pas coutume une bande dessinée. Et quel reportage illustré où les géniteurs se sont imprégnés avec respect et méthode dans ce service où l’émotion est à son comble! Une oeuvre, dans le genre, magistrale!

Un Bref moment d’héroïsme de Cédric Fabre/ Sang Neuf

Nouveau venu dans le Landerneau des éditions cette année et cet ouvrage avait retenu mon attention. Peut-être, aussi, par le parallèle incessant à des références musicales mais surtout par cette tension, ce message politique et sociétal empreint de sincérité.

Transsiberian Back To Black de Andréï Doronine/ La Manufacture De Livres

Un OVNi littéraire où le ton punchy et réaliste vous prend aux tripes. Témoignage poignant doté d’un emballage écrit avec les tripes, certes, mais avec un stylo acéré.

La Soif de Pierre-François Moreau/ La Manufacture de Livres

Une belle calotte d’où l’on ressort la langue saburrale! Un mix, qui n’engage que moi, entre les frères Coen et un Tarantino.

Le Diable n’est pas mort à Dachau de Maurice Gouiran/ Jigal

Roman noir avec une belle dose d’histoire pan et post seconde guerre mondiale. Et l’homme, l’écrivain, sait y mettre les mots dans nos maux ne cherchant pas la repentance.

Glaise de Franck Bouysse/ La Manufacture de Livres

L’homme se place dans sa dimension de littérateur en traçant son chemin à la serpe. Il nous convie à son bal à coup d’émotions par son vecteur naturel et naturaliste. Du bel ouvrage qui laisse augurer de belles pages futures.

Minuit à contre Jour de Sébastien Raizer/ La Série Noire

Clôture de sa trilogie savamment orchestrée. Lecture exigeante, l’ouvrage colle à la rétine et tisse une toile arachnoïde dans nos cellules grises. Un homme qui vit dans son temps mais sait ce qui nous réserve…

Le Pays des hommes Blessés de Alexander Lester/ Denoël

Un pan historique méconnu du continent africain dans cette mue de l’ancienne Rhodésie, actuel Zimbabwe, où violence et affrontements, frontaux et idéaux, nous clouent sous une plume dont l’encrier est mêlé de sang.

Entre Deux Mondes d’Olivier Norek/ Michel Lafon

L’homme nous avait habitués à des polars calibrés, classiques, efficaces sous l’égide de ses précédentes expériences professionnelles, là il se classe dans le cercle des auteurs. Il a su infléchir son discours pour nous narrer une histoire d’hommes avec l’émotion nécessaire et un style affirmé avec une empathie bannissant l’ostentatoire. Une belle réussite!

Ils ont voulu nous civiliser de Marin Ledun/ Flammarion

On connaît l’auteur et se ses qualités humanistes son souci d’autrui et dans cet acte il nous assène une série de coups en panavision au milieu d’un décor tempétueux. Un fils de Manchette ou de Fajardie sans nul doute!

L’Essence du Mal de Luca d’Andrea/ Denoël

Premier ouvrage de cet jeune auteur italien qui appâte notre envie de nous plonger dans ses prochains, assurément. On pourrait se dire qu’il y a une école transalpine, car j’aurais pu citer par la même Antonio Manzini coupable d’un Schiavone toujours efficace, mais il a su faire cohabiter des thématiques lourdes, périlleuses à traduire dans un récit complet. On est bien face à une histoire de l’obsession servie par un style, une écriture qui m’ont submergé et poussé à l’irrépressible envie, que l’on cherche tous, à tourner la page… Grazie mille!

Chouchou

 

Et puis comme l’on est dans les «Best of » un titre,  parmi tant d’autres, ayant marqué mes osselets…(surtout l’enclume)

 

BEST OF 2017 / Wollanup – Clete Purcell.

Allez, c’est la période des bilans même si je sais que certains romans que je n’ai pas eu le temps de lire encore devraient entrer dans ma sélection. Les listes des Nyctas ne devraient pas comporter de réels doublons vu que chacun suit , pour le site, des éditeurs différents. Plutôt que de tailler à la serpette afin d’obtenir un top ten, il m’a semblé plus cohérent de citer tous les romans qui m’ont particulièrement et évidemment durablement marqué en 2017. Cette liste n’est pas un classement, mais suit uniquement la chronologie de mes lectures sauf pour le dernier cité qui est vraiment au-dessus du lot.

PRENDRE LES LOUPS POUR DES CHIENS de Hervé Le Corre / Rivages.

L ‘écriture, l’histoire, les personnages, l’humanité, la classe.

EN PAYS CONQUIS de Thomas Bronnec / SN

Un thriller politique racontant un rapprochement entre l’extrême droite et la droite, roman qui reste d’une brûlante actualité.

PSSICA de Eydir Augusto / Asphalte

Année après année, Asphalte nous fait sentir l’urgence aux quatre coins du globe. Ici, l’État du Pará au nord du Brésil, version sordide. Un roman dur, franc, sans filtre et sans espoir.

 

L’ AMOUR ET AUTRES BLESSURES de Jordan Harper / Actes Sud.

Première grosse baffe de l’année.

« Hautement furieux mais terriblement addictif, « L’amour et autres blessures » est une tuerie, un bouquin qui vous défonce, sans fausse note, une énorme décharge de chevrotine dans la gueule, un grand moment de Rock n’ Roll sans paillettes. »

UN SEUL PARMI LES VIVANTS de Jon Sealy /Terres d’Amérique .

Un premier roman fascinant par sa noirceur et la qualité d’écriture. Une filiation évidente avec les grands auteurs du Sud. Une histoire sale, poisseuse, un très grand roman noir à l’époque de la prohibition.

SAVANA PADANA de Matteo Righetto /la dernière goutte.

Un pulp, un vrai, un féroce, 120 pages furieusement drôles tout en racontant des horreurs. Une bande de truands locaux, les « zozos » en apparence plus cons que méchants, en apparence seulement, en conflit avec une pègre chinoise fraîchement débarquée dans la région, un équilibre précaire, une relation périlleuse et improbable mais fonctionnant, foutue en l’air par l’arrivée en pèlerinage de gitans voleurs de poules peu au fait des règles locales mises en place par un chef des carabiniers alcoolo fini et corrompu et c’est le début d’un bordel sans nom. Du Dino Risi avec une grosse influence westlakienne.

 

LITTLE AMERICA de Henry Bromell / Gallmeister.

La « Pax americana » au Moyen Orient avec la CIA dans les années 50, le crépuscule des colonies, la fin des protectorats, une ambiance à la Lawrence d’ Arabie. Un roman passionnant, admirablement écrit et composé et un magnifique témoignage d’amour filial. L’étoffe des grands romans inoubliables. Beaucoup de charme, énormément d’émotion.

 

HOTEL DU GRAND CERF de Franz Bartelt / Le Seuil.

Ce roman aux senteurs très Agatha Christie avec un Hercule Poirot trash est de plus servi  par une langue riche, particulièrement addictive qui ne permet pas de réelles pauses et sous l’ironie, l’humour, le sarcasme, l’outrance et l’outrage se glisse une description bien navrante de certains comportements humains de la faune locale.

A l’aise, le meilleur polar français de l’année, génialement roccoco, très, très barré avec l’incroyable Vertigo Kulbertus, enquêteur mufle.

 

CALCAIRE de Caroline De Mulder / Actes Sud.

Une nouvelle grosse baffe administrée par Actes Sud. Noirissime.

Le meilleur comme le pire sont toujours envisageables. Le moment unique, l’instant magique apparaît là où on ne l’attend pas, au cœur de l’adversité, dans une lutte contre le mal dans laquelle les personnages ne se soucient plus des apparences, déterminés vers un noble objectif, un but dérisoire mais précieux parce qu’ unique.

 

LE SYMPATHISANT de Viet Thant Nguyen / Belfond.

Sous couvert d’espionnage et d’aventures, « le sympathisant », roman éminemment intelligent, brasse en profondeur de multiples thèmes particulièrement politiques et idéologiques envoyant au tapis à de multiples reprises l’occidental et sa vision de l’Histoire tout en montrant le fossé entre Occident et Orient, deux hémisphères qui se craignent souvent pour de mauvaises raisons. Ecrit avec un incroyable talent, le roman file, impossible de lâcher les belles digressions, les envolées lyriques, la réflexion dérangeante, le sens de l’intrigue, la profondeur de la réflexion et l’humour très fin permettant d’évacuer parfois la crainte voire l’épouvante sur la fin. Un très grand roman.

VULNÉRABLES de Richard Krawiec / Tusilata.

La classe moyenne blanche américaine en perte de repères et en voie de paupérisation. Dur, brutal, provocant, nécessaire, de la même étoffe que Williamson et Fondation. Un must!

SEPT JOURS AVANT LA NUIT de Guy-Philippe Goldstein / Série noire.

Armageddon terroriste, effrayant et intelligent.

LES DOUZE BALLES DANS LA PEAU DE SAMUEL HAWLEY de Hannah Tinti / Gallimard.

Et puis le meilleur, un petit bijou mariant drame, émotion, affection, amour, rires et fantaisie.

Le roman parfait de mon petit univers en 2017.

 

Wollanup / Clete Purcell.

© 2025 Nyctalopes

Theme by Anders NorenUp ↑