Traduction: Patrick Raynal.

La collection « cadre noir » du Seuil est définitivement lancée puis qu’arrive en ce début de mois une valeur sûre des polars du Seuil, à savoir Sam Millar. L’auteur irlandais ajoute en effet une belle pierre à l’édifice avec la quatrième aventure de Karl Kane, son héros et détective de Belfast.

« Karl Kane, l’irréductible privé de Belfast, est confronté à Walter Arnold, l’homme qui a brutalement assassiné sa mère sous ses yeux, quand il était enfant, avant de le laisser pour mort à côté du cadavre. Quand une très jeune fille disparaît après l’incendie suspect de la maison familiale, Kane le soupçonne aussitôt. De fait, Arnold, inexplicablement libéré après de nombreuses années en prison, séquestre l’adolescente ainsi que Tara, une proie moins innocente qu’il y paraît : elle s’est échappée de Blackmore, une institution pour jeunes personnes « à problèmes », après avoir trucidé l’aumônier, un vrai porc, avec des aiguilles à tricoter (viser les yeux !). Walter Arnold travaille à la terreur, au scalpel et à la violence démente. »

Quatrième opus d’une série qui a déjà fait ses preuves et connu un certain succès en France sans atteindre les sommets de « On the brinks » récit autobiographique où Sam Millar racontait son passé sulfureux d’activiste de l’IRA puis de braqueur de banque aux USA, « Au scalpel » cristallise tout ce qu’on aime mais aussi tout ce qui peut nous lasser dans une série aussi bonne soit-elle.

Dans ce volet, on retrouve le cadre de l’Ulster même s’il est beaucoup moins présent que dans les précédents romans. Du point de vue de la construction, on s’aperçoit que l’on retrouve des aspects déjà connus : un méchant, tendance gros malade irrécupérable, une scène choc pour démarrer le roman et y instiller l’horreur, des éléments de la vie du héros et de son entourage et un puissant crescendo dans le rythme pour atteindre un final particulièrement musclé. Tout cela nous donne un roman qui sent un peu le formatage, le plan qui a déjà bien fonctionné dans les précédentes aventures. Bref, on est parfois un peu trop dans du « déjà lu », une impression de cycle qui ronronne, qui se repose sur ses acquis, ses réussites.

Mais l’atout principal des romans de la série Karl Kane est avant tout Karl Kane lui-même, personnage très charismatique et surtout mec sympa qu’on aimerait avoir comme pote. Toujours prêt à rendre service à ses amis, Karl paye de sa personne pour résoudre les énigmes qui lui sont soumises avec un art de la répartie qui cogne autant que les gnons et les coups de latte qu’il distribue à l’envi.

Ni meilleur ni pire que les autres aventures « Au scalpel » ravira les fans de l’auteur tout en laissant un peu sur leur faim des lecteurs plus exigeants qui aimeraient bien que l’auteur sorte un peu des sentiers battus et rebattus.

Solide mais classique.

Wollanup.