Traduction: Serge Quadruppani

Giancarlo de Cataldo, magistrat italien a plusieurs cordes à son arc: romancier, dramaturge, essayiste et bien sûr auteur de polars, aspect qui nous intéresse avant tout. Il a connu une renommée internationale avec une grande fresque sur Rome à la fin du XXème siècle mettant en vedette une bande de malfrats qui sévit pendant plus d’une quinzaine d’années. Rapidement adapté au cinéma, Romanzo Criminale reste, vingt ans après sa sortie, le meilleur polar de l’Italien.

“À la sortie de l’école de police, ils étaient les meilleurs, ils ont échoué à résoudre un meurtre. Dix ans après, ils se retrouvent sur un meurtre semblable. Ils n’ont pas le droit d’échouer.

Alba, le Blond et Dr Sax : le trio se reforme après la découverte, dix ans après, d’un meurtre semblable à celui qu’ils avaient échoué à résoudre ensemble. La deuxième victime est aussi ligotée selon l’art japonais du shibari.

Alba, la femme puissante, fille de bonne famille, tireuse émérite, profileuse formée au FBI, souffre d’un trouble de la personnalité qu’elle nomme sa Triade obscure, mélange de narcissisme, de sociopathie et d’habileté manipulatrice. Un trouble qui peut inspirer les pires criminels ou porter les vainqueurs jusqu’au sommet de la pyramide. Néanmoins un esprit lucide peut tenir compte de toutes les variables. C’est ainsi que lorsque le meurtrier que tous croyaient mort frappe à nouveau, Alba doit affronter les secrets du passé. Surtout que resurgissent aussi le Blond, l’homme tourmenté et droit qui a été son compagnon et l’aime toujours, et le Docteur Sax, membre des Services et saxophoniste de jazz, bien marié à la fille de son chef, le général. Et prêt à beaucoup de choses pour faire oublier ses origines modestes.”

Au sortir de l’école, Alba, le Blond et Dr Sax étaient jeunes, beaux, forts et intelligents, amenés à devenir le futur et l’élite de la police. Mais dix ans plus tard, avec cette nouvelle affaire qui rappelle trop un précédent qu’ils croyaient avoir résolu à l’époque, pleins de fougue… C’est le retour à la dure réalité. Chacun a suivi son propre parcours professionnel et négocié sa vie mais doit renouer des liens devenus beaucoup plus lâches que ceux imposés aux victimes par le salopard recherché.

De Cataldo conserve une plume noire, dure, froide, sans fioriture, donnant toujours une couleur inquiétante à la belle Rome. Les amateurs du maître italien aimeront certainement ce retour tout en notant certainement une certaine indigence de l’histoire. Les personnages sont méchamment stéréotypés et même lorsque l’auteur nous invite à deux enquêtes, l’actuelle comme la ratée d’il y a dix ans, on frôle parfois l’ennui qui, si le roman n’était pas si court, deviendrait manifeste. 

Comme partout dans le monde, mais peut-être aussi plus qu’ailleurs, les liens entre criminalité et politique sont visibles en Italie, la justice et le pouvoir tâchant de masquer, de nier les pratiques douteuses des puissants. Du coup, parfois, on peut penser à une version italienne de La cour des mirages de Benjamin Dierstein, mais sans âme. La fin est franchement bâclée et on ne sauvera ce roman que s’il existe une suite.

Voilà, bof. Aussi insipide et décevant que la Squadra Azurra ces derniers temps.

Clete.