Chroniques noires et partisanes

SUBURRA de C. Bonini et G. De Cataldo Métailié Noir

Traduction Serge Quadruppani

« Rome, de nos jours : rescapé de la bande qui avait régné sur la ville dans les années 70-80 et dont l’histoire a été contée dans Romanzo Criminale, Samouraï, ex-leader fasciste devenu gangster, est sur le point de réaliser le couronnement de sa carrière criminelle : piloter en sous-main un gigantesque projet immobilier prévoyant la bétonisation du territoire, du bord de mer jusqu’à la capitale. Pour cela, il lui faut maintenir à tout prix la paix entre les différentes mafias qu’il fédère : les Calabrais, les Napolitains, les Gitans… Il s’appuie aussi sur les réseaux de Malgradi, politicien priapique et véreux. Mais une nuit de débauche tourne mal, et Malgradi ayant demandé à un dealeur de le débarrasser du corps d’une putain, le dealeur essaie de le faire chanter. Numéro Huit, brute cocaïnomane, chef de clan, vient au secours du député… Ces meurtres vont déclencher des réactions en chaîne d’autant plus dangereuses pour le grand projet de Samouraï que ce dernier voit se dresser contre lui un ex-disciple, le lieutenant-colonel Marco Malatesta, désormais à la tête d’une unité d’élite de carabiniers. Mais Samouraï dispose de nombreux alliés dans les allées du pouvoir, de monseigneur Mariano Tempesta, évêque affairiste gay, à Morgana, tueuse déjantée et sexy, en passant par Liberati, journaliste corrompu, et Terenzi, carabinier ripou. En face, Marco aura à ses côtés Michelangelo, procureur pianiste de jazz, et trois femmes, la belle Alba, collègue et ex-petite amie, Alice, son nouvel amour, blogueuse altermondialiste, et Sabrina, ex-pute, incarnation du bon sens populaire au pays de la gauche-caviar médiatique. Des salons chics du centre de la ville antique aux gigantesques night-clubs de la périphérie où l’on mange, danse, se drogue, tue et se prostitue avec une monstrueuse vitalité, De Cataldo et Bonini poursuivent la saga des coulisses criminelles de la capitale italienne. »

 

De ce quartier pauvre et malfamé de la ville antique des liaisons dangereuses, paradoxales se tissent au gré de magnétismes contraires aux lois de l’attractivité.

Ecrit à quatre mains, l’alternance de dialogues et de descriptions plus contextuelles et narratives confère à celui-ci un tempo sustento.

On est dans la démonstration des facultés exigibles pour être à la tête de la pyramide. Les descriptions humaines des différents protagonistes dans l’échelle hiérarchique dessinent une esquissse bigarrée et judicieuse des organisations mafieuses.

Dans cet étalage graduel des rôles invoqués, la compréhension de l’architecture et des rouages des pouvoirs parrallèles s’éclairent avec minutie de par l’expertise liée à ses auteurs.

Le sommet s’acquiert par l’empirisme, la « sagesse », l’intellectualisation du monde environnant. Samourai par ses rites, ses manies, son image incarne ses valeurs, les respecte et les « magnifie ». L’interpénétration des milieux politiques, judiciaires, activistes et mafieux dresse irrémédiablement les maux, les métastases de nos sociétés contemporaines.

Suburra image éternelle d’une ville incurable. Demeure d’une plèbe violente et desespérée qui des siècles auparavant s’était faite bourgeoise et qui occupait le centre géographique exact de la ville. Parce qu’elle en était et en restait le cœur. Suburra, l’origine d’une contagion millénaire, d’une mutation génétique irréversible nous prend par la main dans les méandres de la pieuvre et ses ventouses…

Même la philosophie est violence, souffrance. Car il n’est pas possible de penser décemment sans se faire mal. Vous vous ferez peut-être mal mais avec esthétisme.

Chouchou

 

 

8 Comments

  1. JOB

    Ben oui !! Très belle ( esthétique) chronique. Heureux que De Catataldo revienne avec de meilleures intentions que sur ses derniers ( même si le Libanais était bien mais trop court). Les Italiens ont le don de faire de très bons livres en s’y mettant à deux je ne cesserai de recommander le fabuleux  » J’ai confiance en toi » de Carlotto et Abate ( excellent auteur de son côté), et si vous désirez vous faire une idée de la virtuosité du noir Italien, ne ratez pas « Petit noir italiens » chez Point Noir avec cette excellente première nouvelle « Mon trésor » de Amnaniti, et aussi l’occasion de découvrir celle de l’auteur des « Ames noire »,Gioacchino Criaco ( qui ferait du Rural Calabrais Italien, oui il y a des loups en Calabre), bon, j’arrête, c’est vrai que je les aime ces auteurs, ils ont une verve et un style urbain et moderne qui réveille. Sans compter, qu’au niveau cinéma c’est tout comme, chaque adaptation d’un de ces romans est une réussite totale, ce qui n’est pas rien, avouons le ? Putain d’italien, devrions penser, s’il nous venait l’envie de nous comparer à eux, niveau polar et cinoche noir !

    • clete

      Viens nous parler des auteurs ritals,chronique- nous Suburra.Je connais tes liens familiaux avec l’Italie.La Roma ou la Lazio?

  2. Chouchou

    Ah enfin une personne connait Ammaniti, dont j’ai lu toutes ces oeuvres, sur certain on apercevait « Affreux, salle et méchants » de la belle écriture sur des contenus variés mais solides pour chaque opus!

  3. Chouchou

    « Comme Dieu le veut » mon bouquin électif d’Ammaniti et mon entrée dans son univers.

  4. job

    L’Amaniti c’était celui sur la fête à Rome, outrance et mésquinerie, humanité et cynisme, mais celui dont tu me parles Chochou m’a l’air extra. Pour le foot, c’est l’AS évidemment, ils ont les plus beaux maillots du monde et ne font pas signer des malades fascistes comme Di Canio, et pour ta proposition, allez, ils va y avoir des jaloux, mais d’accord, donne moi deux trois semaines, de toutes façons, je n’ai pas pu voir le film, snif, je me rattraperai sur le livre ;-))

    • clete

      génial,file moi par mail ton adresse qu’on t’envoie notre exemplaire.

  5. Jean-Marc

    De Carlotto, il faut absolument lire le très court et très choquant « Rien, plus rien au monde », une véritable gifle en moins de 100 pages.
    Et de G. de Cataldo, l’excellent roman historique, « Les traitres ».
    Et puis toute la collection de Quadruppani chez Métailié est excellente., de Criaco à De Cataldo, en passant par Biondillo, Verazani, Machiavelli, Lucarelli, Di Cara …

    • clete

      Exact,tous les Ritals de Métailié Noir sont excellents et puis janvier,février c’est le moment aussi du Camilleri de l’année.

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