Traduction : Françoise Smith.
David Young est un auteur anglais qui a été journaliste avant de se consacrer à l’écriture. « Stasi block » est son deuxième roman, il se déroule, comme le premier, « Stasi child » dans l’Allemagne de l’Est des années soixante-dix. Deux polars avec la même enquêtrice, Karin Müller, sans doute le début d’une série…
« Été 1975, RDA.
Deux bébés ont disparu à Halle-Neustadt, cité idéale de la République, réputée connaître un taux zéro en matière de crime. Le lieutenant Karin Müller est choisie pour tenter d’élucider ce mystère. Mais alors qu’elle met tout en œuvre pour retrouver les jumeaux, elle se heurte à des murs invisibles, aussi épais que deux des complexes d’habitation. Car dans cette ville nouvelle où les allées se perdent dans le vide et où les rues ne portent pas de nom, seule la productivité compte. La population, sous l’emprise de la propagande, est à maintenir à tout prix dans l’ignorance. Or, c’est justement hors des périmètres autorisés que semblent se trouver les véritables indices. Des hauts fonctionnaires du complexe VIII aux employés de la crèche locale, tout le monde à l’air d’avoir quelque chose à cacher. Lorsque Karin parvient enfin à avancer dans ses recherches, une révélation concernant sa propre histoire vient rebattre les cartes de son enquête… »
David Young s’inspire de faits réels, son roman est très documenté et il nous emmène dans une Allemagne de l’Est sombre, glauque où les gens sont constamment sous la surveillance de la Stasi qui a des informateurs partout. Il a fait vérifier son roman par un journaliste spécialisé, et effectivement, l’ambiance qui pouvait régner à cette époque : la peur, la confiance qu’on n’accorde qu’à ses risques et périls, la tension permanente… tout ce que les personnages subissent, David Young réussit à le décrire parfaitement, dans un style simple et précis.
En Allemagne de l’Est au milieu des années soixante-dix, l’ombre de la Stasi plane sur tout et sur tous, il est dangereux de sortir du rang, même dans la police, les hypothèses qui vont à l’encontre de la propagande sont dangereuses. C’est dans ses conditions que Karin Müller doit résoudre l’affaire de la disparition des bébés. Elle travaille dans le plus grand secret, car cette cité est une vitrine de la RDA qui se doit d’être sans tache quand elle est montrée aux visiteurs alliés comme Fidel Castro. Karin Müller doit souvent abandonner les pistes qui s’approchent trop des grands pontes du régime. C’est un personnage attachant, une enquêtrice têtue et forte qui n’hésite pas à louvoyer, biaiser tout en obéissant mais ne sait jamais auquel de ses collaborateurs elle peut faire confiance. Une situation pour le moins inconfortable, angoissante surtout quand l’enquête la ramène à sa propre histoire, ses propres démons.
David Young construit son roman en alternant des histoires se déroulant à différentes époques, les récits se complètent et s’éclairent parfaitement et l’auteur insère ainsi habilement son roman dans l’Histoire. Ses personnages sont des êtres broyés, par la dictature où la cruauté peut prospérer, et par la guerre où explose la sauvagerie des hommes. Tous ont vécu des drames qui se mêlent, se font écho et ont parfois des racines dans l’horreur de la guerre. Si l’enquête est longue et s’étale sur deux ans pour Karin Müller et son équipe, le roman est rythmé, sans temps mort, David Young sait entretenir le suspense.
Un bon polar dans une atmosphère noire et pesante.
Raccoon
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