Traduction : Benoîte Dauvergne .
Le pays à la fougère argentée puise ses forces, ses légendes, sa culture dans sa mixité ethnique et culturelle. Mais le pendant de ce melting-pot ouvre à des incompréhensions pouvant déboucher sur des frictions graduelles. Le suicide d’un jeune homme débouchera sur les difficultés inhérentes au deuil mais aussi à l’opposition de croyances, à l’affrontement communautaire… Le deuil est une épine dans le pied que l’on ne peut extraire.
« Mark Saxton s’est suicidé. Il s’appelait aussi Maaka Pitama. Son père biologique, un Maori du nom de Tipene, vient voler sa dépouille afin de lui offrir des funérailles dans le respect de la tradition maorie. Sauf que c’est Box Saxton qui a élevé Mark, et il entend bien que son fils soit enterré sur les terres de sa propre famille. À travers l’affrontement terrible que vont se livrer les deux hommes, c’est un portrait sans concession de la Nouvelle-Zélande que nous propose Carl Nixon, dévoilant les tensions existantes entre les communautés du pays, l’attachement aux traditions et l’amour de la terre. »
Un couple de l’île sud du pays voit sa vie brisée par ce suicide inexpliqué, sans cause explicitée. Il fait face. Dans la dignité, le courage et dans le respect de leur fils, il tente de conserver le fil de leur histoire propre en y incluant leurs valeurs fondatrices.
Box est le père de Mark, il n’est pas son géniteur. Box a perdu beaucoup ces dernières années, la crise immobilière étant passée par là. Conservant malgré tout le fil rouge du respect d’autrui, d’honnêteté orgueilleuse, il poursuit sa route en n’ occultant pas son passé et ses racines. Face à ce drame, l’anéantissement est à l’intérieur et les parents de Mark se montrent soudés, se tiennent droits en sa mémoire afin d’honorer sa mémoire, de respecter ce qu’il était.
La part sanguine maorie de leur fils réapparaît…Et les coutumes, les rites séculaires engendrent une collision d’idées, de visions opposées. C’est dans ce hiatus que l’âpreté du roman prend une autre dimension. Les avis se bloquent, les positions se figent, le dialogue se rompt… Carl Nixon nous dépeint donc le paradoxe de richesses de communautés dotées de valeurs, de profonds enracinements rituels, de coutumes ancestrales. Ce sont ces marges entre groupes ethniques qui créent la dissension même, voire surtout, dans de moroses circonstances.
Il n’y a rien de larmoyant dans ce récit, il y’a « simplement » une noirceur liée aux sentiments du deuil, une âcreté dans les divergences mises au jour dans ce sombre moment.
Roman noir levant un pan méconnu d’us tribaux d’un pays réduit à des images d’Epinal réductrices.
Paradoxalement éclairant…
Chouchou.
Laisser un commentaire