Tout le monde sait mon attachement à la Série noire et donc qui aime bien, châtie bien… Un petit coup de gueule!
Comment la SN peut-elle sortir le roman de l’année de sa collection à une époque où tout le monde est lassé par les différentes vagues de sorties depuis la mi-août ? Comment peut-on le mettre en vente en novembre comme s’il était un fond de catalogue qu’il faut écouler en 2017 pour passer à autre chose ? Sa couverture, son titre, son appellation ainsi que sa quatrième de couverture lui donnent l’image d’un thriller apocalyptique si commun et très peu engageant, à la Bruce Willis sauvant la planète. Si une personne autorisée ne m’avait pas susurré à l’oreille : « tu verras, il y a du DOA chez cet auteur », nul doute que je n’aurais jamais ouvert ce roman. Et j’aurais eu vraiment tort.
Vous, ne passez pas à côté d’un roman époustouflant de classe et d’une grande intelligence si vous vous intéressez un tant soit peu à la situation de notre planète d’une manière plus universelle que les débats sur l’écriture inclusive ou sur les méchants qui mangent encore de la viande en 2017 parce qu’ici Goldstein, brillamment, vous parle de destruction de la planète, d’escalade nucléaire. Et quand vous regardez les nouveaux axes immortalisés par des photos très récemment, d’un côté les USA, l’Arabie Saoudite et l’Egypte et de l’autre la Russie, l’Iran et la Turquie sans que l’on sache réellement la position chinoise, il y a de quoi être inquiet pour l’avenir à court et moyen termes. Guy-Philippe Goldstein est analyste des questions de stratégie et de cyberdéfense, a travaillé à New York, son précédent roman « Babel minute zero », sorti chez Denoël, il y a dix ans traitant de cyber défense a connu un franc succès dans certains milieux autorisés aux USA et en Israël. L’entretien que nous mettrons en ligne demain montre bien l’étendue de ses connaissances, de son savoir, de son travail d’observateur de la situation mondiale qu’il a mis au service du lecteur pour offrir un roman clair, limpide, passionnant, sans faille et particulièrement effrayant.
« Julia O’Brien, officier supérieur du renseignement américain, était retenue captive en Russie. Les forces spéciales la libèrent – pour la replonger immédiatement dans une mission d’importance cruciale. Grâce à une opération de piratage informatique inédite, un groupe d’extrême droite hindou, inconnu jusqu’ici, a réussi à duper le gouvernement indien. Les terroristes ont dérobé dans les stocks de l’État de l’uranium enrichi, nécessaire à la fabrication d’armes atomiques. Ils menacent désormais une grande ville d’un châtiment divin. Laquelle est visée – New York, Londres, Hong Kong? Quand l’engin nucléaire va-t-il exploser? Dans un périple qui la mènera de Londres à Mumbai en passant par l’Arabie saoudite, par-delà la colère qui déborde dans la rue et sur tous les réseaux sociaux, Julia comprend que ni l’Amérique ni aucune autre nation, ne peut sortir indemne de l’apocalypse qui arrive : en réalité, il ne reste plus que sept jours avant que la Nuit ne s’abatte sur notre planète. »
Sorte de suite de « Babel minute zero » ou d’actualisation des périls qui nous guettent sans que nous en ayons connaissance et reprenant la même héroïne Julia O’Brien, « Sept jours avant la nuit » a une ossature de thriller avec sa course contre le temps, contre la mort, contre l’extinction et le déroulement est très, hyper prenant de la première à la dernière page. L’auteur a une faculté à rendre très vivantes les scènes d’action, par ailleurs assez rares sauf à la fin. Ainsi l’exfiltration de l’héroïne de Sibérie en début de roman vous rappellera sûrement les meilleures pages de Pukhtu et vous mettra certainement l’eau à la bouche. Mais, attention, ce roman est le fruit d’un travail de six ans et même si ce temps passé ne garantit aucunement la valeur d’une œuvre, tous les événements, toutes les situations, toutes les théories sont expliquées, analysées, décortiquées avec un grand souci didactique qui ne nuit absolument pas à la progression de la lecture. Ayant choisi de s’intéresser au pays-continent qu’est l’Inde et sa complexité ethnique, philosophique, politique, géographique GP Goldstein nous ouvre les portes d’un monde fascinant et également très complexe. Donc, pour comprendre totalement la situation, il faut se plonger dans cette civilisation afin de comprendre certains tenants et aboutissants. L’effort facilement réalisable est nécessaire parce que la compréhension de l’intrigue est à ce prix. Utilisant ses connaissances de la cybersécurité et des relations internationales, Goldstein nous amène au bord du précipice, nous montrant l’engrenage infernal vers le conflit mondial. Axant aussi son propos sur les grands de ce monde au moment du choix à faire, il nous montre ce que peut provoquer la faiblesse de certains et on ne peut que se demander ce que ferait monsieur Trump en pareille situation infernale. Nous voguons sur le Styx, vers l’Armageddon.
Ayant choisi de rompre avec le terrorisme islamiste et s’intéressant à une version nationaliste, GP Goldstein remonte aux origines des différents nationalismes avec leurs invariants sur toutes les points de la planète, montre les ressorts de l’embrigadement, du fanatisme, interroge sur la valeur d’un discours, l’appropriation d’un message par les foules. Ce nouveau terrorisme qui s’accapare les technologies de pointe effraie comme tout ce qui est raconté dans ces 650 pages. On est abasourdi, tout ce qui est montré et expliqué parait… redoutablement crédible et parfaitement envisageable.
« Sept jours avant la nuit » n’est pas toujours d’une lecture aisée et il est parfois bon de faire quelques pauses tant ce qui est asséné ébranle et rend parfois exangue. Clairement de la même famille que les lanceurs d’alertes que sont DOA, Manotti, Bronnec, Guy-Philippe Goldstein les rejoint dans une collection unique en France, au service de l’information des masses devant le marasme proposé ou créé par les élites nationales et internationales, en proposant d’ailleurs certains rebondissements mémorables.
« Ce ne sont même plus les grands équilibres géopolitiques qui sont menacés. C’est la structure même de notre civilisation, depuis les cités-Etats de Mésopotamie jusqu’à nos Etats modernes. Si un groupe terroriste qui n’a ni territoire ni population sous son contrôle, est aussi puissant qu’un Etat, cela ne veut plus dire qu’une chose : nous entrons dans un moment d’anarchie et de barbarie encore plus grave que lorsque l’Empire romain s’est effondré… »
Explosif, brillant, indispensable.
Wollanup.
Je suis à la moitié, et je suis loin de partager ton enthousiasme.
Certes l’analyse est intéressante, les hypothèses (pour ce que j’en ai vu à mi roman) possibles et les conséquences plausibles.
Mais comparer à du Manotti ou DOA ! Pour moi il manque ce qui fait la grandeur de ces deux auteurs : la littérature. Je le lis comme une analyse justement, je rame, je me contrefiche de ce qui va arriver, les personnages n’ont pas d’âme, il n’y a pas de rythme … Je continue parce que je veux savoir où ça va terminer, mais franchement ce n’est pas la passion, alors que Lynx, je le suivrais jusqu’au bout du monde.
Ah, Jean Marc, pour ma part, je n’arrive pas à parler d’un bouquin que je n’ ai pas terminé. Mais, sinon, je ne compare pas à DOA ou Manotti d’un point de vue littéraire, je compare pour l’accès à une autre information, à des repères loin de la bouillie inodore et incolore qui nous est offerte par les média. Et je pense que tu n’es pas arrivé au chapitre du rassemblement nationaliste dans un stade où l’auteur, je trouve, montre très bien l’embrigadement, l’hystérie.
Pas de rythme dans ce roman? On parle bien du même?