Undercard
Traduction: Karine Lalechère.
Depuis quelque temps, Harper Collins nous balance de bons polars ricains et c’est quand même la moindre des choses. Quand on a Don Winslow dans son catalogue, on doit être un peu obligé d’offrir un peu de richesse aussi par ailleurs et ce premier roman du Canadien David Albertyn n’a pas, effectivement, à rougir de se trouver aux côtés de l’auteur de “La frontière”.
“Las Vegas. Antoine Deco, jeune boxeur outsider et enfant de la ville, s’apprête à affronter le favori Kolya Konytsin, réputé pour sa brutalité et ses 19 victoires par K.-O., dans l’arène d’un des plus grands casinos du Strip.
Quelques heures avant le combat, le hasard réunit autour de lui deux amis qu’il n’a pas revus depuis l’enfance. Tyron, un ex-marine tout juste revenu d’Irak. Et Keenan, devenu flic et l’homme le plus haï de Vegas après qu’il a tué un jeune Noir désarmé dans la rue.
Adolescents, une passion unissait leur bande : le sport. Antoine, orphelin et mutique, restait dans l’ombre, tandis que Tyron, Keenan et Naomi, la seule fille mais aussi la plus douée, prenaient la lumière. Jusqu’à ce que les parents de Tyron, des activistes de la communauté afro-américaine, se fassent assassiner. Et que le petit groupe explose.
Avec le quatuor recomposé surgissent les souvenirs, les non-dits, les rancunes.
En l’espace de vingt-quatre heures et d’un combat de boxe sous haute tension, leurs vies vont basculer.”
En démarrant “Riposte”, on peut se montrer inquiet: un latino boxeur ayant fait de la taule, un black capitaine chez les Marines rentré en héros de ces campagnes en Afghanistan et en Irak, un flic qui a commis une énorme bavure, une fille qui était éprise des trois garçons et qui a finalement épousé le mauvais, un grand combat de boxe et Las Vegas. Beaucoup de stéréotypes, beaucoup de situations et de décors déjà bien usés par la littérature noire et puis cela fonctionne, très bien même avec un auteur aussi à l’aise dans l’urgence de scènes de violence que dans la lenteur mélancolique des regrets intimes.
Sur un cycle de 24 heures, David Albertyn va passer d’un personnage à l’autre avec un réel talent contant cette histoire de vengeance dont on va connaître les raisons petit à petit sans que cela gêne l’avancée de l’intrigue et racontant l’histoire de ces quatre mômes qui ont bien changé vingt ans après. Sans ennuyer le lecteur un seul instant, David Albertyn montre les guerres ricaines au Moyen Orient, « Black Lives Matter », le milieu de la boxe, l’enfer des casinos, la corruption policière mais aussi les remords, l’amitié, l’amour qui s’enfuit et celui, bien plus ancien, qui brille toujours autant. Le rythme est bon, s’accélérant dans sa deuxième moitié qui baignera dans le sang, la violence, la stupéfaction et l’hébétement.
Bien pensé, bien monté, bien raconté, très bien joué monsieur Albertyn… Assurément un nom à retenir.
Clete.
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