Chroniques noires et partisanes

RETOUR A DUNCAN’S CREEK de Nicolas Zeimet / Jigal.

Le retour aux sources est pavé de souvenirs, bons comme mauvais, et ils vous reviennent tel un boomerang acéré qui se moque du temps, qui ignore les sentiments enfouis. Raviver une flamme, qui tantôt vous brûlait, tantôt vous éclairait, conserve  le péril d’un passé ravageur.

« Après un appel de Sam Baldwin, son amie d’enfance, Jake Dickinson se voit contraint de retourner à Duncan’s Creek, le petit village de l’Utah où ils ont grandi. 
C’est là que vit Ben McCombs, leur vieux copain qu’ils n’ont pas revu depuis plus de vingt ans. Les trois adolescents, alors unis par une amitié indéfectible, se sont séparés dans des circonstances dramatiques au début des années quatre-vingt-dix. 
Depuis, ils ont enterré le passé et tenté de se reconstruire. Mais de Los Angeles aux montagnes de l’Utah, à travers les étendues brûlantes de l’Ouest américain, leurs retrouvailles risquent de faire basculer l’équilibre fragile de leurs vies. 
Ce voyage fera ressurgir les haines et les unions sacrées, et les amènera à jeter une lumière nouvelle sur le terrible secret qui les lie. Ils n’auront alors plus d’autre choix que de déterrer les vieux cadavres, quitte à renouer avec la part d’ombre qui les habite… et à se confronter à leurs propres démons. »

C’est à une soirée d’Halloween que se scellent les destinées. Des potes ados vivent l’abject, l’intolérable, l’horreur. Et la petite communauté de ce trou perdu ne fait pas preuve, c’est le moins que l’on puisse affirmer, d’empathie envers ce trio uni pour leur existence. Mais leur union, lestée par des chemins de vie traumatique, dérivera sur les surdités, les cécités qui feront que leurs chemins ne suivront plus le même tracé, les mêmes buts. Pourtant rien ne supprimera leur inénarrable lien et c’est le décès de l’un d’entre eux qui réveillera ce maudit passé.

Les blessures d’hier, les questions du présent sont consignées dans une alternance au tempo juste et retrace les évolutions de chacun à partir de la genèse d’Halloween. Les profils des personnalités modelés par un trait fort, déterminant à notre engagement sans frein pour cette tragédie croquant l’inéluctable. Zeimet utilise aussi le road-trip qui discerne ce passé contrasté et ce présent telle une chape de plomb. Pourtant pas, ou peu, de clichés et à l’instar  d’un Rural Noir de Benoit Minville ou Et tous les autres crèveront de Marcus Malte le poil se hérisse, notre pompe à émotions bat la chamade quand se précisent des bribes de souvenirs vécus dans notre adolescence restant gravés sur notre épiderme, dans nos ADN.

Amitié, mensonge, trahison, passé qui pétrifie le présent sont assurément les contours d’un polar adhésif.

Chouchou.

2 Comments

  1. Ingannmic

    J’avais beaucoup aimé Seuls les vautours, roman étonnamment crédible dans sa veine « immersion dans la ruralité américaine », Zeimet étant français… il renouvelle visiblement, avec ce titre, ce tour de force !

  2. Chouchou

    pour tout dire je n’ai pas lu « Seuls les vautours », et ce nouvel ouvrage reste transposable ad libitum mais, et le risque est concret, se fondre dans un décor et une culture qui n’est pas la sienne est osé. Zeimet me prouve que l’exercice périlleux donne ses résultats bien qu’il n’est pas de spécificité avec ce pays. On s’attache aux personnages qui sont le coeur du livre face à leur souvenirs…. Bonne lecture prochaine!…

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