Traduction: Diniz Galhos.

« Rejetée par ses parents après la diffusion d’une vidéo intime, Janalice, quatorze ans, est envoyée chez sa tante, dans le centre-ville de Belém. L’adolescente va se familiariser avec la faune interlope de ses rues : vendeurs à la sauvette, toxicomanes et maquereaux. Mais sa beauté attire rapidement la convoitise et Janalice finit par se faire kidnapper en pleine rue.
Amadeu, un flic à la retraite, s’empare de l’affaire par amitié pour le père de la jeune fille. Sur les traces de Janalice, il entame un périple halluciné en Amazonie, à la frontière du Brésil et de la Guyane française. »

Tout comme certaines familles africaines expatriées en Europe ou aux USA envoient certains de leurs enfants indisciplinés en « correctionnelle », dans la famille sur le grand continent de leurs origines, pour leur apprendre un peu la vie, Janalice est envoyée en enfer à Bélem et on le voit très rapidement puisque le compagnon de sa tante abuse d’elle dès le départ. Et un enfer raconté par Edyr Augusto n’est pas factice et tous ceux qui ont déjà lu l’auteur brésilien originaire de la région qu’il décrit, l’état du Para, savent la dureté, l’âpreté, la violence de son propos.

Rapidement enlevée comme un paquet de viande à des fins de prostitution, elle va connaître l’avilissement, comme tant d’autres dont la beauté, la jeunesse, la couleur de peau constituent des valeurs marchandes non négligeables dans une zone où justement les richesses sont denrées rares. Ce qui, ailleurs, pourrait être un atout est ici l’origine du malheur..

Le calvaire de Janalice et la quête d’Amadeu dans un coin sans foi ni loi où les autorités sont autant à craindre que les bandes de salopards montrent sans faux fuyants une violence, une bestialité qui font froid dans le dos. Certaines scènes, dures mais sans aucun voyeurisme, montrent la cruauté et l’absence de remords: meurtres, enlèvements, trafics, piraterie sur le fleuve et autres saloperies semblent faire partie de la vie quotidienne comme une malédiction, « Pssica » que l’on doit subir si on n’est pas né sous une bonne étoile et surtout si on est une femme.

Edyr Augusto, n’est pas le premier à écrire des romans chocs qui vous cognent, vous agressent mais il a un talent que l’on ne trouve pas chez beaucoup d’auteurs. Avec une économie de mots, de descriptions, en ne gardant que l’essentiel, il imprime un rythme effréné à un roman qui fonce pour vous expédier aux côtés de Janalice dans un abîme sans fin, à grands coups de serpette qui brisent vies et espoirs de retour. »Sauvez-moi « ,hurle puis gémit Janalice damnée tel un mantra alors que la rédemption et la miséricorde semblent n’ être que de vains mots ignorés dans cette partie du globe.

Effrayant et magistral.

Wollanup.