Traduction : Margot Nguyen-Béraud (Argentine)
La découverte accidentelle d’une capacité, d’un pouvoir de l’ordre du divin, tout en possédant l’attribut maléfique en miroir, projette José dans des questionnements légitimes. L’auteur emmènera le lecteur dans sa réflexion intime dans l’affrontement de sentiments opposés tiraillé par une base culturelle et éducationnelle traditionnelles, communes.
« Quand José perd son travail, le fragile équilibre de son existence se brise en mille morceaux. Il tente tant bien que mal de canaliser l’amertume et la jalousie qui le rongent.
Mais un soir, Guillermo, son voisin, homme charismatique à qui tout réussit, lui propose de passer chez lui afin de faire plus ample connaissance. Ce qui avait commencé comme une soirée tout à fait amicale – les deux hommes discutent, boivent du bon vin et écoutent du jazz – tourne au bain de sang : lorsque José entend Petite Fleur, standard de Sydney Bechet, une irrépressible envie de meurtre le submerge et il assassine son nouvel ami.
Pourtant, le lendemain, à la stupeur de José, Guillermo passe devant sa fenêtre en sifflotant, plus éclatant de santé que jamais.
Pour José, c’est un signe du destin ; désormais, tous les vendredis, il ira chez Guillermo prendre l’apéritif et le tuer, chaque fois plus sauvagement.
Et très vite, une nouvelle idée germe en lui : pourquoi ne procéderait-il pas de la même façon avec sa femme, leur relation se dégradant de plus en plus… »
Dans cet ouvrage il est mis en exergue une concrète bipolarité sous différents prismes. Les protagonistes dans leur entièreté, leur personnalité propre, montrent pour chacun des facettes opposées qui, en outre, possèdent un point commun dans une ligne existentielle cherchant un sens, une cohérence, un tracé linéaire. C’est dans leurs difficultés respectives que prédominent ces dualités morales, psychologiques et dans leurs singulières échelles de valeurs de vie dans la communauté. Le noir affronte le blanc, le positif s’érige devant le négatif, le bien est rudoyé par le mal, les petites voix des consciences diaboliques et angéliques alternent sans répit…Le tumulte semble pourtant présenter un gage d’équilibre et le don extra-ordinaire, paradoxal du personnage épicentrique devient tour à tour un caractère de questionnement qui le désarçonne, puis un caractère ludique concret voire de distraction dans sa routine hebdomadaire, puis un mode de résolution de ses propres affres.
Havilio présente cette faculté d’adaptation de son style littéraire aux thématiques proposées. Car il se joue des scènes et des contextes violents, destructeurs par une plume teintée d’un lyrisme, de descriptions usuelles réconfortantes, chaleureuses affirmée par une poésie du quotidien. De même cette rhétorique contraste avec le discours et véhicule un sentiment plein d’alacrité de lecture.
Joyau brut aux arêtes coupantes conjuguant des couleurs primaires opposées !
Chouchou.
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