Bon la BD, ce n’est pas mon truc mais au moment où on regrette la disparition de Gotlib, on peut rendre un modeste hommage à cet art.
Alors, le désir pour un roman ou une BD ou roman graphique (quelle est la différence ?) est souvent en rapport avec soi, son vécu, ses origines, ses rêves ou ses préoccupations. Bref et c’est heureux, nous ne réagissons pas tous de la même manière et cette couverture m’a tout de suite attiré par sa beauté graphique tout simplement d’abord puis par le nom de Brest dont je suis, en gros, originaire et par la présence d’un sous-marin, engin de guerre que j’adore. Pourquoi ? Je n’en sais rien et tout le monde s’en fout en fait. Et j’ai été conquis.
« Dimanche 29 août 1937, à Brest. Un sous-marin républicain espagnol fait surface au milieu des eaux brumeuses, en rade du port militaire. Des réparations sur l’engin sont nécessaires. Sous la houlette de l’affreux Troncoso, un commando franquiste s’organise à toute allure dans le but de conquérir le navire. Proches des phalangistes, ils savent pouvoir s’appuyer sur les fascistes locaux. La belle Mingua leur est associée. Collaboratrice de charme, elle est prête à tout pour optimiser la réussite de l’entreprise nationaliste. Mais les forces de gauche, communistes et anarchistes en tête, sont décidées à faire front et résister.
« No pasaràn ! Mort au fascisme ! »
Histoire vraie, cette affaire de sous-marin dans le port de Brest est racontée ici avec talent et ce qui n’était qu’un simple petit événement local, une curiosité, devient avec le talent des trois auteurs Dominique Cuvillier, Bertrand Galic le Brestois et Kris une chronique de lutte contre le totalitarisme ici sous les traits du général Franco avec un scénario qui reprend de nombreux aspects du roman d’espionnage dans le déroulement bien sûr mais aussi dans les ambiances, les lieux dessinés, la ville qui se prête parfaitement à cette ambiance.
Pourtant située à la pointe du Finistère, on ne se sent pas réellement en Bretagne et c’est assez normal car Brest a toujours été une ville plus française que bretonne de par son histoire de grand port militaire drainant ainsi une population plus diversifiée que dans le reste de la région. Par contre, certaines planches offrent de beaux paysages et certaines vues de la ville comme du port de Recouvrance tout en finesse et mélancolie avant que la ville devienne martyre lors de la seconde guerre mondiale.
Mais la Bretagne n’est pas le sujet principal et ce sont bien les prémices d’un conflit mondial, dans l’extrême côte occidentale du vieux continent qui nous sont contées sous couvert d’un épiphénomène local, une histoire sans énorme coup d’éclat montrant des héros ordinaires, des hommes simples aux idées généreuses ou tout au moins humanistes.
« La guerre, oui…Une triste guerre à laquelle la ville pensait encore pouvoir échapper mais qui, bientôt, la rattraperait pour la recouvrir d’un orage de fer, d’acier et de sang. »
Bel objet, « Nuit noire sur Brest » s’offre un texte final très complet racontant l’affaire et agrémenté par des archives de qualité signé de l’historien Patrick Courlay qui a relaté l’épisode dans un essai « nuit franquiste sur Brest ».
Le roman montre ainsi qu’une partie de la guerre d’Espagne s’est jouée dans le Nord Finistère et si ce roman graphique plaira avant tout aux passionnés d’histoire du XXème siècle, on pourra aussi très bien l’envisager dans les étrennes des jeunes générations parce qu’il n’est jamais trop tôt pour commencer à lutter contre le fascisme.
Militant.
Wollanup
Très bonne BD d’inspiration historique
J’approuve forcément.