“Paris, Porte de la Chapelle. Les migrants tombent comme des mouches, foudroyés par un mal étrange. Les soupçons se portent spontanément sur les Vicaires, un groupuscule d’ultra-droite dirigé par le charismatique Stéphane Zenner. Pour Ravard, enquêteur de la section anti-terroriste, c’est le début d’une traque intense. Elle le conduira dans les limbes d’un Paris occulte et mettra sur sa route un spécialiste du paranormal et une étudiante fascinée par les réseaux de rencontres secrets. Mais tandis qu’il poursuit un médecin-chercheur acquis aux idées de Zenner, c’est le réel qui se met à trembler.”

La collection EquinoX des Arènes dirigée par Aurélien Masson sait donner une chance aux jeunes auteurs qui apportent une autre manière de voir le Noir, bien ancrée dans notre époque et les interrogations et les frayeurs qu’elle engendre. Un nouvel exemple avec ce premier roman de Fabrice Jambois, prof de philo, spécialiste de Deleuze (grand bien lui fasse) et dont le premier exercice délivre une bien belle copie.

Convoquant dans son intrigue, plusieurs peurs contemporaines devenant aussi parfois des légendes urbaines, Jambois nous propulse dans un Paris inquiétant, proche de celui qu’on voit tous les jours, mais ici franchement sous un mauvais jour. Les toxicos, les migrants, l’ultra-droite et les tréfonds de la conscience forment un décor inquiétant où on ne ressent que le pire de chacune de ces peurs actuelles. La possibilité d’un chaos encore plus vaste que celui entrevu en début de roman enchaîne une lecture qui s’avère addictive et en même temps très éprouvante.

Les personnages sont tous, à des degrés très divers, troubles mais extrêmement convaincants et les flics, c’est devenu très rare, ne sont pas affublés des très lourds poncifs qu’on leur attribue généralement. Ils ont leurs soucis mais comme les autres. Un peu comme dans “Empire des chimères” d’Antoine Chainas, le surnaturel fait quelques apparitions, sorte de psychédélisme effrayant issu d’un très mauvais trip, contribuant à donner une coloration plus sombre au cauchemar enduré, offrant une rupture dans un suspense très tenu et en même temps un prolongement, une autre vision très troublante.

EquinoX désire “ trouver un sens au chaos” et souvent la collection y parvient. En voici un frappant exemple avec Mycélium salement déstabilisant, méchamment dérangeant, oeuvre exigeante très recommandable d’un auteur qui a très bien su ramasser nos terreurs modernes pour bien nous les balancer à la tronche..

Clete