Traduction: Laurence Courtois.
Il n’est aucune beauté qui n’est sa tâche noire. Même le coquelicot. Au cœur porte la sienne, que chacun peut voir.
Au cœur de l’Allemagne nazie, le tracé parsemé d’écueils, d’aiguillons d’un jeune provincial enrôlé dans la Waffen-SS, entrouvre un cas de conscience douloureux.
« Allemagne, 1945. Alors que la défaite allemande semble imminente, Walter et Fiete, deux amis de dix-sept ans, se retrouvent enrôlés de force par les SS et envoyés en Hongrie. Le premier est affecté au ravitaillement, mais le second, moins chanceux, est envoyé directement sur le front.
Walter, qui a sauvé la vie du fils d’un général, se voit accorder quelques jours de permission afin de retrouver la tombe de son père. À son retour, il apprend que Fiete, arrêté après une tentative de désertion, vient d’être condamné à mort. Et son officier supérieur, qui trouve là un plaisir sadique, lui confie la terrible tâche d’exécuter son meilleur ami… »
Ralf Rothmann est né en 1953, vit à Berlin. Son travail a obtenu de nombreuses récompenses, dont le prix Hans Fallada et le prix Friedrich Hölderlin.
De cette période sombre et tourmentée, Walter contraint à son engagement dans ce corps noir va vivre la débandade d’une bien cruelle manière.
L’auteur, par un récit tel un plan séquence, nous porte dans ce déluge de désolations, d’effritement d’un empire moribond et converge notre esprit vers la question cruciale que l’on pourrait légitimement tous se poser. Qu’aurais-je fait en pareil contexte ?
Ses descriptions de la nature, des hommes, confèrent à l’ensemble, paradoxalement, un ton chaud révélant des êtres perdant la maitrise. Il y a ceux qui conservent un cap, d’autres qui le perdent. Certains prennent conscience de la folie pathétique de l’homme à la moustache carrée et puis une frange le reçoit de plein fouet aveuglée par une propagande huilée jusqu’au tréfonds des derniers souffles de ce Grossdeutches Reich. Un peuple, un empire, un Guide vacille mais le château de cartes draine encore des réflexes primaires, voire primates.
L’exercice littéraire est là et bien là. Personnellement j’y ai plus retrouvé du Thomas Mann dans cette faculté descriptive naturaliste et qui parfois donne des sensations à l’opposé du contexte décrit.
L’ émotion d’un drame de guerre portée par une écriture enveloppante et imagée.
Chouchou.
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