Traduction: Bertrand Péguillan.
Chez Gallmeister, il y a les collections grand format mais il y a aussi cette collection Totem qui n’est pas à négliger ou oublier. Totem réédite certaines des publications maison au format de poche et offre aussi une nouvelle vie à des romans et à des auteurs tombés un peu dans l’oubli ou moins médiatisés à un prix particulièrement intéressant et avec le label de qualité de la maison. Perso, celui-ci, je lui aurais bien vu une plus grande couverture tant ce roman, sans être parfait, cumule des qualités qui devraient plaire à beaucoup.
Etiqueté « nature writing » de manière bien exagérée, peut-être parce qu’il se déroule dans le Montana, le roman n’a pas à souffrir d’une multitude de pages vantant la nature et le lecteur excédé par les multiples démonstrations de la puissance et de la beauté de la nature habituelles de ce genre de littérature ne connaîtra pas ce genre de parasitages. Proclamé classique de la littérature américaine dès sa sortie en 1993, le roman montre avant tout un drame familial sous relents de racisme.
« De l’été de mes douze ans, je garde les images les plus saisissantes et les plus tenaces de toute mon enfance, que le temps passant n’a pu chasser ni même estomper. » Ainsi s’ouvre le récit du jeune David Hayden. Cet été 1948, une jeune femme sioux porte de lourdes accusations à l’encontre de l’oncle du garçon, charismatique héros de guerre et médecin respecté. Le père de David, shérif d’une petite ville du Montana, doit alors affronter son frère aîné. Impuissant, David assistera au déchirement des deux frères et découvrira la difficulté d’avoir à choisir entre la loyauté à sa famille et la justice. »
En choisissant un narrateur enfant, Larry Watson crée un personnage qui rappelle parfois Harriet Cleve, l’héroïne de Dona Tartt dans « le petit copain » âgée, elle aussi, de douze ans. De la même manière que chez Tartt, David observe, épie, interprète le monde des adultes autour de lui. Il serait dangereux de raconter plus, d’une part parce que le roman étant très court, vous prendrez plus de plaisir en découvrant par vous-même les tenants et les aboutissants et, d’autre part, je ne veux pas en aucun cas spoiler un suspense digne d’un bon polar et vous gâcher le plaisir de la découverte d’un bon roman tout simplement, car ce n’est pas un polar. Bon, il y a des regrets aussi, j’aurais bien aimé connaître le contenu des querelles entre les deux frères, les colères du grand père ancien sheriff mais le choix du narrateur enfant écarte forcément le lecteur de certaines conversations adultes secrètes mais cela ne gâche rien à la puissance de l’histoire et du propos.
En cet été 1948, dans le Montana, David Hayden réalisera que les valeurs familiales et les valeurs de justice de la société ne sont pas toujours compatibles et cette découverte le sortira brutalement du cocon de l’enfance, on ne choisit pas le moment où on devient adulte. « Montana 1948 », sans être le roman culte souvent vendu, est prenant et très intelligent, emblématique de la qualité des productions Gallmeister.
Recommandable et recommandé.
Wollanup.
Lu il y a bien longtemps, avant que les éditions Gallmeister le reprenne à leur compte, ce petit roman dans le Montana n’avait du coup pas cette étiquette nature-writing. Je l’ai perçu plus comme un drame familiale, deux frère, une amérindienne, la cruauté des adultes et la découverte de la dureté de ce monde pour un jeune garçon.
Quand à Calexico, même si la poussière de l’Arizona est plus chaude que celle du Montana, elle épouse parfaitement le roman. J’ai encore des flashs de souvenirs lors de leur passage à la Cigale il y a deux trois (quatre) étés. L’un de mes groupes fétiches…
Tu résumes très bien le roman,très loin de la mode nature-writing… Quant à Calexico, les deux fois où je les ai vus, Central Park NY mais aussi Rennes où j’ai pu échanger avec Joe Burns,il reste mon groupe de coeur, je suis le fan absolu.Mon chien s’appelle d’ailleurs Calex.