Traduction: Claude Bleton.
Tel un Félix Faure des Tropiques, un patron de presse mexicain succombe dans les bras d’une ravissante Croate, connue sous le nom de Milena. À seize ans, elle a quitté son village pour suivre un passeur lui faisant miroiter les fastes de Berlin. Le voyage s’arrêta à quelques encablures de Zagreb, dans une bâtisse délabrée qui ouvrait grandes ses portes sur l’enfer de la prostitution.
Privée de son protecteur, voilà Milena livrée de nouveau aux exactions de la mafia ukrainienne qui pendant des années l’a contrainte à vendre son corps dans tous les palaces et les cloaques de Marbella. Son seul sauf-conduit : un précieux carnet où sont consignés des numéros de comptes bancaires prouvant l’implication de sociétés russes dans des opérations illicites. Pour lutter contre l’avilissement et le dégoût de soi, elle y avait aussi noté les confidences de diverses figures de la vie publique (l’évêque, le magistrat, l’avocat…) passées par son lit, justifiant toutes, avec un naturel confondant, de leur recours au commerce des femmes. Nombreux sont donc ceux qui veulent aujourd’hui la faire taire.”
Mais, mais, la belle demoiselle n’est pas seule. Quatre amis de 40 ans dans la force de l’âge, vont tout faire pour la retrouver. Comme ils sont beaux, puissants et sacrément intelligents, les quatre membres de ce club des “Bleus” unis depuis la plus tendre enfance et ayant tous quatre réussi leur parcours dans la vie. D’un point de vue affectif, on remarque aussi qu’ils n’ont pas atteint encore la maturité que l’on serait en droit d’attendre d’eux puisque deux continuent à se chamailler pour la représentante,très séduisante et puissante, du club des Bleus. Un universitaire, un spécialiste de la cybersécurité ancien patron des services secrets mexicains, le nouveau patron d’un puissant quotidien et la leader du plus grand parti de gauche vont unir leurs efforts pour sauver la belle Slave de ses tourmenteurs dans un pays qui bat des records en matière de délinquance et de criminalité en tous genres, hérités de traditions ou nés de nouvelles demandes.
Alors, ce roman luxueux dans sa couverture, ne m’a pas totalement séduit. D’abord, il convient de savoir que ce roman reprend les personnages de “les corrupteurs” sorti en mars 2015 chez Actes Sud et si ne vous ne connaissez pas ce précédent, les allusions dans le début de “Milena” vous priveront d’une lecture ultérieure non spoilée. Pourtant, l’auteur écrit bien, très bien, les situations s’enchaînent, le propos est tout sauf ennuyeux et souvent teinté d’humour. Peut-être est-ce dû à un manque de réalisme, cette âpreté que l’on retrouve abondamment chez d’autres auteurs mexicains écrivant leur pays de façon bien plus dure et mordante.Et puis, j’avoue les héros,sans défauts, ne m’intéressent pas trop. Un roman un peu lisse, pas assez noir, finalement, malgré certains passages. Les maux qui gangrènent le pays sont pourtant dénoncés à l’unisson des Arriaga, Sariaba, Diez et autres Serna et Taibo II mais… trop vus ici du côté d’une élite nantie, pas assez du côté des populations qui en souffrent le plus.
Néanmoins, « Milena » devrait drainer un très large public car l’auteur montre de belles qualités de conteur et propose un déroulement tout à fait prenant.
De qualité, romanesque, mais néanmoins mainstream.
Wollanup.
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