Traduit par Maxime Berrée.
On entre dans Londres par le vecteur, l’intermédiaire d’un réseau de lignes ferroviaires principalement en surface et ce sera le prétexte, ou le support, à des digressions subtiles et hétéroclites sur cette cité phare de l’île de St Georges.
« Après London Orbital, publié chez inculte en 2012 (Babel 2016), consacré à l’autoroute circulaire construite par Margaret Thatcher autour de Londres, le romancier britannique salué par Will Self, Alan Moore ou J. G. Ballard, revient pour un deuxième livre, London Overground.
Cette fois, Sinclair explore sans relâche une nouvelle ligne de métro ouverte en 2010 par le maire conservateur de Londres, Boris Johnson. La méthode Sinclair est implacable : cerner le réel et réduire la focale jusqu’ à ce que des formes nouvelles apparaissent. »
Écrivain et cinéaste, Iain Sinclair est né en 1943 à Cardiff.
Après des études littéraires au Trinity College de Dublin et de cinéma à Londres, il s’installe dans le quartier populaire de Hackney, dans l’Est londonien. Il s’attelle alors à l’écriture d’une œuvre multiforme pour dire un territoire, Londres.
Depuis trente ans, Sinclair arpente inlassablement la ville.
En marchant, il relève les métamorphoses – et les agressions subies – d’un paysage urbain, et établit des connexions invisibles. Proche de J.G. Ballard, il est l’un des romanciers anglais les plus reconnus de sa génération. Il est aussi l’adepte, l’un des chantres de ce que l’on appelle la psychogéographie. Tout d’abord revenons à cette notion qui est un néologisme et créé par l’internationale situationniste de Guy Debord. « se proposerait l’étude des lois exactes, et des effets précis du milieu géographique, consciemment aménagé ou non, agissant directement sur les émotions et le comportement des individus.»
Derrière cette forme théoriquement pompeuse et peu parlante, l’auteur nous montre son étendue littéraire et poétique dans ce cadre pour le moins peu propice. Suivant la coulée de ce transport communautaire, il réussit par l’entremise d’emprunt de chemins de traverses, d’affluents de la voie matricielle, à captiver ma lecture. Il exploite et définit chaque lieu ou quartiers comme « l’excuse » à l’évocation de personnages, d’édiles de milieux bigarrés qui constituent, ou ont constitués, cette cité. Par sa plume fine et acérée il nous délivre une véritable prose paradoxale au contexte. De son œil écarquillé et alerte sur son monde, sur le vivant et les créations humaines.
« Personne ne peut observer le désespoir d’un autre plus d’un quart d’heure sans perdre patience. Ensuite, on s’invente un prétexte et on passe à autre chose. »
Cette « flânerie » discursive nous plonge dans des états multiples et de teintes variées et notre réflexion personnelle à cette lecture nous ouvre des voies, nous ouvre des champs des possibilités. De par son style on entrevoit pas de manière automatiquement naturelle qu’en filigrane la résultante de son étude reste bien que l’homo sapiens est façonné dans ces émotions et ces choix.
Triste et réel constat d’un diktat dénué d’humanisme !
« Il y a immobilier et illusion immobilière…Il leur dit de regarder comme c’est joli, un arbre, un arbuste, comme ça compense le bruit et la monstruosité du vieil immeuble qu’on abat pour en reconstruire un neuf. C’est tout le secret des entreprises, mon ami. Dites à l’ennemi que vous planterez quelques arbres » Don De Lillo
Mon choix d’habillage musical se porte sur un artiste protéiforme pour qui j’y ai ressenti des analogies par sa profondeur, sa complexité dans sa simplicité et les multiples à ouvrir à chaque écoute…
Chouchou.
Sortie le 25 août.
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