El hombre amansado
Traduction: René Solis
La vie d’Erasmo Aragón change soudainement quand il est faussement accusé d’abus sexuel. Il perd son travail dans une université américaine et ne peut plus renouveler son permis de séjour. Après une crise nerveuse il rencontre Josefin, une infirmière suédoise, à laquelle il s’accroche désespérément. Afin d’oublier son passé, ils démarreront une nouvelle vie ensemble à Stockholm, mais les fantômes latino-américains, la monotonie, la dépendance et les anxiolytiques feront ressurgir la paranoïa…
L’écrivain salvadorien Horacio Castellanos Moya n’en est de loin pas à son premier roman. Déjà chroniqué et apprécié chez Nyctalopes avec Moronga, L’homme apprivoisé qui sort chez Métailié est au moins son treizième livre publié en France. Un auteur confirmé donc, mais une découverte pour moi et certainement pour d’autres.
Une citation extraite de L’Apocalypse de Jean, ainsi qu’une d’Arthur Schopenhauer en guise d’introduction, on peut dire que le ton est donné. Les 126 pages qui composent ce court roman ne seront probablement pas une ode à la joie. Mais qui va s’en plaindre ? Et puis, je peux me tromper, on n’est jamais à l’abri d’une fausse piste.
Une certitude néanmoins. En quelques pages la plume d’Horacio Castellanos Moya fait mouche. Il a un réel talent d’écriture. On sent l’expérience. Les phrases sont précisément ciselées. On se coule dans le texte sans difficulté et avec un plaisir certain. Il a un ton, un sens du dynamisme et une musicalité bien à lui. Nul doute qu’il pourrait écrire sur ce qu’il veut qu’il embarquerait toujours le lecteur. N’est-ce pas là l’apanage des bons auteurs ?
Erasmo Aragón, le héros de L’homme apprivoisé déjà présent dans plusieurs romans de l’auteur, on s’y attache autant qu’il nous irrite. Ici tout du moins. On a là un homme déraciné, apathique, clairement perdu, parfois drôle et parfois plus perturbant car très parano. Tout ou presque devient suspicieux avec lui, ce qui peut prêter à sourire autant qu’à angoisser. Les médicaments tempèrent ses crises mais il est dans une constante lutte avec lui-même. Bien évidemment, son histoire avec Josefin, l’infirmière qui l’a pris en affection et le porte vers d’autres horizons, va lui apporter confort et réconfort un temps, jusqu’à ce que la spirale infernale qui semble l’étouffer prenne à nouveau le dessus par la force des choses.
Grâce à l’habileté de Horacio Castellanos Moya, ce qui se passe dans la tête de Erasmo Aragón devient « contagieux », et en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire, on se retrouve à la fin du livre, aussi égaré que Erasmo, mais conscient de la chance que l’on a de ne pas être à sa place. Une place que lui même est bien incapable de trouver.
L’homme apprivoisé de Horacio Castellanos Moya est un trop court mais très bon roman. La fin est un peu abrupte tant le livre est bon, frustrante même, car il y avait matière à aller un peu plus loin dans l’histoire, mais ce qui nous est donné à lire est déjà, en soit, un régal. Un ravissement de tous les instants.
Brother Jo.
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