Bill James est un grand écrivain de polars gallois. Il n’a pas encore rencontré son public en France et pourtant il aligne les écrits de grande qualité dans la veine de John Harvey qui l’a d’ailleurs fait connaître aux gens de Rivages qui ont publié « Retour après la nuit » pour ensuite se rendre compte que ce roman devait être le dixième d’une série mettant en scène Harpur et Iles, deux flics gallois. Une dizaine d’aventures est,depuis, parue chez Rivages Noir sur la presque trentaine écrite. A partir de 2000, l’auteur a commencé à écrire d’autres romans ne mettant plus en scène ses deux flics mais ils n’ont pas eu pour l’instant l’honneur d’une édition française.
« Lettres de Carthage » se différencie de sa production habituelle parce qu’il ne s’agit pas d’une enquête policière et que l’action se situe dans la région (magnifique) de Exeter et non plus au Pays de Galles et surtout parce qu’il s’agit d’un roman épistolaire ce qui signifie pour moi plonger dans l’inconnu avec un auteur apprécié mais quand même. C’est aussi un roman qui a le droit à une entrée dans la collection de luxe « thrillers » de Rivages.
Un avertissement important : réservez votre après-midi ou votre soirée parce qu’une fois le livre entamé vous ne pourrez plus vous arrêter si vous appréciez les romans où l’on privilégie la psychologie des personnages à l’action pure et dure. Si vous aimez Thomas H. Cook et William Bayer, ruez-vous chez votre libraire, vous allez adorer.
En bref, Kate et Vince s’installent dans un quartier hyper-bourgeois (anglais de surcroît, donc encore plus succulent d’hypocrisie et de lâcheté) de la périphérie de Exeter. Ils s’intéressent à leurs voisins les Seagrave dont ils jalousent la vie qui semble idyllique et dont ils voudraient gagner l’amitié, heureux qu’ils sont d’être arrivés dans cet Olympe. Les semaines passant, Kate devient complice de Jill Seagrave qui lui fait part de ses difficultés avec son mari et dépeint l’homme d’une façon inquiétante qui surprend au plus haut point Kate qui trouve pourtant Dennis charmant et attendrissant.
Même si… certains soirs dans la maison des Seagrave nommée « Carthage » se déroulent des soirées musique en sourdine, rideaux tirés, couples d’invités élégants, nombreuses voitures de luxe dans la rue, la présence d’un homme politique français de premier plan candidat à l’élection présidentielle (non, je plaisante !) mais jamais de gens du voisinage.
Le roman va progresser lentement mais de façon vraiment passionnante pour arriver à la vérité. Pendant toute l’histoire, Bill James va nous promener à sa guise tout en éclaboussant allègrement la bourgeoisie anglaise pour finir par un dénouement en deux temps de toute beauté comblant le lecteur frénétique que j’ai pu être pendant ces quelques heures.
Un thriller psychologique impeccable, un suspense haletant (on sait que cela va mal tourner mais pour qui et quand ?), un dénouement magnifique et un très beau réquisitoire contre la bourgeoisie. Merci Monsieur James pour ce beau roman, une fois de plus.
Wollanup.
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