Streets of Laredo.
Traduction: Christophe Cuq.
“Les rues de Laredo” est l’apothéose, la fin, la suite de “Lonesome Dove”, le roman culte de Larry McMurtry qui lui avait valu le prix Pulitzer en 1986. Il avait écrit cette suite en 1995 mais très bizarrement, elle était restée inédite en France alors que dans le même temps, on avait pu lire deux prequels racontant l’enfance des deux héros Texas Rangers “La marche du mort” et « Lune comanche”. Certains pourront penser que ce vide éditorial est dû à une qualité moindre du roman. Ce n’est pas du tout le cas et les fans de Lonesome Dove peuvent l’acheter les yeux fermés et le savourer avec une lumière dans l’œil. Les heureux veinards qui n’ont jamais lu McMurtry pourront commencer par les premiers écrits mais on peut aussi se gaver directement des 700 pages terminant cette fabuleuse saga. Larry McMurtry a beaucoup écrit, c’est un très grand, et pas uniquement des westerns et a même obtenu l’Oscar du meilleur scénario adapté pour Le Secret de Brokeback Mountain en 2006.
« La plupart des voleurs de trains sont pas malins, et c’est une chance pour les compagnies de chemins de fer. À eux seuls, cinq bandits pas trop idiots pourraient braquer tous les trains de ce pays. » Ainsi parle Woodrow Call, ancien capitaine des Texas Rangers désormais reconverti en chasseur de primes. Engagé pour éliminer Joey Garza, un dangereux criminel mexicain plus futé que les autres, il sillonne les étendues arides du Texas en compagnie d’une équipe hétéroclite. Mais le monde du vieil Ouest héroïque a changé ; la Frontière a été refermée, le pays est sillonné de lignes de chemin de fer, les cow-boys, Indiens et hors-la-loi ne sont plus ce qu’ils étaient. Une chose est sûre : Call, vieillissant, ne comprend guère la civilisation qui arrive. Mais Joey Garza est un adversaire à sa mesure.
Woodrow Call, à plus de soixante-dix ans retourne faire la loi au Texas parce qu’il le fait bien et ne sait faire que cela de toute façon, mais ses compagnons d’autrefois sont morts, ont pris leur retraite ou ne veulent plus retourner au combat. Et c’est donc avec une équipe de bras cassés très pittoresques qu’il va affronter Koey Garza, jeune bandit de grande envergure, symbole d’une nouvelle génération d’outlaws dont il ne comprend pas trop le fonctionnement. Il y a donc bien le bruit et la fureur mais aussi beaucoup d’humour comme d’horreurs et d’émotion dans cet énorme pavé de plus de sept cents pages. Roman crépusculaire par excellence, “Les rues de Laredo” contient à grande échelle, beaucoup du désenchantement, de la nostalgie et de la tendresse qu’on trouvait dans le merveilleux “ Le Saloon des derniers mots doux” paru en 2015.
Larry McMurtry est un grand écrivain, un des derniers monstres sacrés ricains, chacun de ses romans me charme, m’enchante mais conseillons néanmoins aux lecteurs d’entrer dans cette magnifique saga en période de vacances parce que l’immersion dans le Texas de la fin du XIXème siècle risque de les éloigner durablement de tous les autres centres d’intérêt de leur vie.
Magnifique.
Clete.
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