Ombres Noires, en plus d’éditer de bons romans policiers a pris l’initiative de sortir des novellas d’auteurs anglo-saxons connus et reconnus pour leur talent comme Thomas H. Cook, Jeffery Deaver, John Connolly…
Les novellas s’avèrent parfois frustrantes par leur brièveté, par contre, elles sont idéales pour découvrir à moindre frais et par soi-même l’écriture et l’univers d’un auteur et c’est ce que réussit parfaitement « les ombres de canyon Arms » de la talentueuse Megan Abbott qui d’ailleurs explicite son propos d’écrivain dans un entretien en fin d’ouvrage.
« 1953. Penny Smith débarque à Hollywood, des rêves de gloire plein la tête. Entre promesses de contrats et premiers rôles bidons, elle déchante rapidement et devient maquilleuse pour un studio. À Canyon Arms elle découvre le bungalow de ses rêves, s’y installe malgré les étranges rumeurs dont lui parlent ses voisins. Mais la mémoire du lieu refait surface lorsqu’elle découvre un étrange message laissé sur le mur de la cuisine par l’ancien locataire. »
Une partie de l’univers de Megan Abbott est bien présent dans ces lignes et entre-elles. Une héroïne en tailleur et hauts talons, des rêves de stars déchus, une existence que la triste réalité ronge, l’âge qui fait faiblir la beauté ou tout du moins la rend moins visible sous les néons cruels du Hollywood d’un certain âge d’or où tant de jeunes filles se sont brisées, exploitées par des producteurs ou agents animés par un désir de sexe facile, les pourris éternels décrits dans tant de romans sur ce monde bien pervers et dégueulasse;
On découvre Betty au moment où débute pour elle la fin du rêve et le début de la glissade vers l’anonymat et l’échec si cuisant, le moment où elle comprend que ces amants qui pouvaient aider sa carrière, dont elle pensait bien abuser pour grimper, ont gagné contre elle comme avec tant d’autres, qu’elle n’ est une oie blanche de plus.
Et pour son plus grand malheur, elle occupe un logement où s’est déroulée une tragédie du monde faux et puant de l’industrie hollywoodienne, la mort tragique d’un libraire épris des stars qui s’est brûlé les ailes à trop s’approcher de ce miroir aux alouettes. Petit à petit, elle cogite, découvre des indices, s’imagine, voit, soupçonne…
Touchant et désabusé.
Wollanup.
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