David Sedar est un jeune Sénégalais qui arrive en France comme clandestin pour retrouver Denis Vignal, un français dont il servait de guide lors de son travail pour une ONG. Il arrive alors à Hauterives, petite ville perdue de la Drôme, en plein hiver. La maison de Monsieur Denis est isolée, dans la neige qui tombe drue à cette époque de l’année, et pour seul résident sa femme Diane, Denis ayant disparu.

Diane est une femme malade, qui vit seule depuis le départ de son mari, sans distraction, sans visite, sans ami, avec pour seule compagnie son chien qui vient d’être tué.

Lors de ses voyages en Afrique, Denis utilise David Sedar comme guide. Ce dernier est seul, peu intégré dans son village, il n’a pas d’ami. Denis va lui porter une attention toute calculée qui va permettre à David Sedar de se sentir plus fort, en confiance, qui va lui donner l’impression de se sentir important. Il doit tout à Denis, il faut donc qu’il aide sa femme à comprendre ce qu’il s’est passé et  retrouver son ami.

Les enchaînés, ce titre à lui seul pourrait avoir diverses significations. Mais l’enchaînement dont on parle dans ce livre est lié à l’amour que l’on porte à une autre personne, car celle-ci nous touche, nous comprend, nous accepte avec nos défauts. Mais si, en fait, cette personne en qui nous avons donné toute notre confiance n’était pas celle que l’on croit, si c’était en fait une manipulatrice qui se joue de nous et de notre amour afin de ne pas être seule et se sentir supérieure et toute puissante face à cet amour qu’elle reçoit. Parfois, on peut se retrouver enchaîné à une autre personne sans vraiment s’en apercevoir, nous sommes liés, aimants, et toute autre vie semble impossible sans le soutien de la personne qui partage notre vie et nous aime.

Comment réagir alors, quand on s’aperçoit que l’être aimé nous a menti, manipulé ? On fait la même chose, on ment, on se sert de l’autre pour acquérir nous aussi cette toute puissance apportée par l’ascendant que l’on peut avoir sur l’autre. C’est l’histoire d’une manipulation affective voulue, décidée, maîtrisée, et reproduite plusieurs fois, envers son amour, et des personnes, parfois naïves, dont le peu d’intérêt que l’on peut leur porter les lient à vous pour toujours.

Jean-Yves Martinez nous offre un roman très psychologique, dans une ambiance très isolée, il s’agit d’un huis-clos. L’ambiance est posée dès les premières pages et l’histoire se déroule sur 3 petits jours, au rythme de la neige qui tombe. Ce livre peut vous laisser un sentiment de malaise mais il serait dommage de passer à côté.

Marie-Laure.