Traduction: Anne-Sylvie Homassel.
Dans une atypique famille new-yorkaise, une contagion s’empare d’un père et de son fils en une passion tenace, experte, des ornements habillant les monuments et immeubles de leur ville. La déambulation est de mise dans ce « street-trip » pour dénicher les sculptures décorant les édifices d’époque révolues. On lève la tête, nos pupilles s’écarquillent afin de cibler la rareté, afin de révéler un coup de burin esthétique. Mais l’ouvrage ne se résume pas qu’à un cours d’architecture, il plus que cela et, surtout ou avant tout, il se pare d’une plume racée.
«Depuis la séparation de ses parents, Griffin Watts, treize ans, tourne en rond. Sa sœur n’a plus une minute pour lui, trop occupée à faire sa révolution sexuelle ; son artiste de mère tient table ouverte à tous les hippies du quartier. Quant à son père, Nick, antiquaire exalté, collectionneur frénétique, il vit désormais dans son atelier.
Désireux de maintenir un semblant d’équilibre familial, Griffin va suivre la dernière lubie paternelle : récupérer statues, bas-reliefs, moulures et autres gargouilles sur les vieux immeubles new-yorkais voués à la destruction.
Mais ces gentilles escapades père-fils vont bientôt prendre un tour dangereux. Alors que la passion de Nick se fait chaque jour plus dévorante, Griffin se retrouve embarqué dans ce qui pourrait bien être le vol du siècle… »
Les ornements de structures figées ne sont donc pas le centre unique du roman. Il est aussi, et certainement, un support, un prétexte, de la mise à plat d’une relation père/fils singulière. En effet l’empreinte nucléaire n’existe plus, le foyer familial, où ne réside plus le Pater, est le théâtre d’une sorte d’auberge espagnole. « Dirigée », avec de gros guillemets, par une mère apathique, attentiste, atone, le rythme du quotidien s’émerveille de banalités.
C’est dans ce tableau que gravite Griffin, adolescent dans ces années 70 symbole d’une période ouverte à la liberté. Il épouse volontiers la passion dévorante de son père, reclus de son atelier de TriBeCa, dans cette effrénée quête de ces êtres de pierre. Le chemin de croix de ces aventuriers citadins n’est pas que pavé de louables intentions ni de déconcertantes facilités.
Le littérateur possède une déconcertante faculté du genre et décline celle-ci avec virtuosité. J’aimerais poser sur le papier mes mots de cette manière. La tonalité, les nuances, la poésie parfois, sont maîtrisées. Après, le rhétorique du fond reste un peu circulaire et l’ouvrage aurait pu se limiter à moins de pages. Il y a néanmoins une extrapolation des thèmes abordés, qui a son sens, mais son emploi et sa légitimité ne souffrent d’aucun accroc, hors le fait de tourner en rond. On cherche à nous enserrer le larynx et expulser des poussières confinées dans nos glandes lacrymales mais la dernière pression n’est pas suffisante.
Ecrivain de qualité que j’aimerais (re)lire pour un roman plus abouti et profond.
Chouchou.
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