Le genre du roman policier nous a habitués aux trafics en tout genre : drogue – humains – œuvres d’art, et cetera. Mais nous a familiarisés avec le trafic de coquillages ? Les huîtres en l’occurrence.
Comme vous vous en doutez ce mollusque a attisé notre curiosité.
La Pointe, un quartier pittoresque de Sète, petit port sur l’étang de Thau. Trois figures locales pas très recommandables ont disparu : le plus gros producteur d’huîtres du bassin, le patron proxénète du café de La Pointe et un petit malfrat coutumier des mauvais coups. La gendarmerie relie ces disparitions aux vols et trafics de coquillages qui se multiplient sur la lagune. Ce n’est pas l’avis de Marceline, vieille militante éco-féministe, qui oriente l’opinion sur les événements pour le moins bizarres qui surviennent depuis quelques temps dans le coin : morts suspectes d’animaux, pluies de pelotes de filaments, odeurs pestilentielles certains jours…
Effectivement, les huîtres nous ont aidés dans le choix de lire ce roman. Mais il serait bien triste de réduire Le vrai du faux et même pire à une histoire de coquillages.
Quel plaisir de découvrir une région à travers les livres ! Quel plaisir de découvrir le quartier de la Pointe à Sète ! Grâce à Martine Nougué nous voyageons jusque là-bas, nous pouvons imaginer et sentir les odeurs, imaginer les couleurs de la ville et du paysage, imaginer les voix des piliers de bars et des touristes.
Ce roman nous donne envie de visiter ce coin de la France.
On prend plaisir à rencontrer tous ces personnages géniaux : Luigi le bon vivant avec lequel on aimerait partager un bon repas, Marceline, la militante écolo et féministe, ou encore la petite Lisa-Fatouh, fille de la charismatique capitaine Pénélope Cissé. Comment ne pas tomber sous le charme de Pénélope, un personnage qui a du cran, une dure à cuir mais sensible et éprise de justice. Voilà ce qui rend Cissé intéressante : rien à voir avec le cliché de la femme flic dénuée de sentiment et mutique sous laquelle se cache l’ombre masculine.
Comme vous l’aurez compris c’est un roman où les femmes sont importantes. L’auteure donne presque l’impression que sans ces femmes ce roman ne pourrait pas exister. Marceline est un très bon exemple, cette femme a toujours mené toutes sortes de combats, toujours en première ligne, borderline quitte à être hors limites.
Et ce n’est pas le seul propos du roman. La notion de vérité et toutes les questions qu’elle peut soulever sont évoquées. Ceci est illustré à travers les événements bizarres qui surviennent : morts suspectes d’animaux, pluies de pelotes de filaments… Tous les moyens sont bons pour élucider les problèmes.
Et pour en rajouter, le vrai du faux et même pire porte une critique acerbe contre les médias – ces journalistes fouineurs toujours en quête d’un scoop sensationnel quitte à créer une atmosphère de psychose. Psychose déjà bien présente à cause d’attentats terroristes.
Et même lorsque vérité il y a, une contre vérité peut être imaginée. On offre aux gens ce qu’ils veulent entendre même si cela est faux.
1951, souvenez-vous bien de cette date.
Le vrai du faux et même pire est un sacré roman. Ingénieux ! Drôle ! Qui apporte une vraie réflexion sur le monde dans lequel on vit.
Et avec une telle intrigue, Martine Nougué réussit à nous avoir comme des bleus ! Et ça, on aime ! Bravo !
Bison d’ Or.
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