These Silent Woods
Traduction : Alice Delarbre
« Cooper et sa fille de 8 ans, Finch, vivent coupés du monde dans une cabane au nord des Appalaches. La petite fille a grandi au milieu des livres et de la forêt, respectant les dures règles de la vie sauvage. En grandissant, elle cherche à repousser les limites de leur isolement, à s’aventurer plus loin en forêt et commence à s’interroger sur le monde extérieur.
Mais Cooper est hanté par les démons qui l’ont poussé à fuir, un passé qui le ronge et qu’il ne peut en aucun cas partager avec sa fille. Dans le silence de la forêt, leurs seuls compagnons sont un étrange « voisin » du nom de Scotland, dont l’omniprésence bienveillante ressemble curieusement à une menace, et Jake, un vieil ami de Cooper qui leur apporte des vivres à chaque hiver. Sauf que cette année, Jake ne vient pas. »
Une couverture qui attire le regard – une petite maison isolée, perdue dans l’immensité d’une forêt en saison hivernale – et un certain Ron Rash qui encense le livre, de simples éléments de marketing mais qui suffisent à mettre en appétit. Une petite aura artificielle, froide et sombre, qui séduit. Le silence des repentis, premier roman publié en français de l’autrice Kimi Cunningham Grant, chez Buchet Chastel, m’a comme qui dirait tapé dans l’œil. Mais tient-il ses promesses ?
Amatrices et amateurs de récits faisant la part belle à la nature, aussi enveloppante que protectrice, sans oublier dangereuse à ses heures, vous y serez immergés dès le début du roman. Nous sommes avec nos deux personnages principaux, Cooper et Finch, en pleine nature et en marge de la société. On comprend qu’ils sont là pour survivre, survivre en harmonie avec la nature, puisque c’est leur pain quotidien, mais également survivre face à la société. Cooper a fait le choix de se retirer de cette société, avec sa fille, des années auparavant, pour ne pas risquer qu’on la lui enlève, après avoir déjà perdu sa femme. Les conditions de son départ sont brutales. Le temps passe. Finch grandit. Avec la discipline et la volonté infaillible de Cooper pour les garder coupés du reste du monde – toujours aux aguets – ils maintiennent un certain équilibre et se construisent une sorte de cocon où l’amour et la bienveillance perdurent. Au fil des pages se déroule, petit à petit, la pelote du pourquoi et du comment. Mais un jour, une suite d’événements va mettre à mal ce que Cooper à tout fait pour préserver, pour le pire, comme, éventuellement, le meilleur.
Ce qui saisit dès le début de la lecture c’est la confondante simplicité de l’écriture. C’est si simplement écrit que l’on se coule extrêmement facilement dans le roman. On ne bute sur aucune tournure de phrase. Rien. C’est d’une fluidité absolue. On a presque envie de se dire que c’est trop facile, trop peu élaboré, mais on ne se le dit pas car on ne décroche pas un seul moment. Je doute fort que l’écriture en soit puisse ici marquer les esprits, mais l’atout principal de cette apparente simplicité c’est qu’elle facilite la construction et le développement d’une atmosphère, belle, et assurément prenante. On a aussi envie de reprocher à Kimi Cunningham Grant de céder par moments à un romantisme niais, un peu futile, faisant émerger les fragilités de son récit, mais on pardonne cela aussi car on est toujours pris par cette atmosphère dont on ne décroche pas. On y est et on prend plaisir à y rester.
Le silence des repentis est un livre imparfait mais à l’atmosphère tenace et réussie. Un roman n’ayant pas besoin d’être parfait pour être bon, celui-ci à toutes les qualités pour faire plus de bruit que ne le laisse entendre son titre. On a là un excellent candidat pour faire un jour l’objet d’une adaptation cinématographique ou télévisuelle. Allez donc vous plonger dans ces bois, vous ne le regretterez pas.
Brother Jo.
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