Ahmed Tiab, enseignant à Nyons signe ici son premier roman aux éditions de l’Aube. Originaire d’ Oran en Algérie, il dresse un portrait attachant de sa ville à différentes époques contemporaines par le biais d’un polar d’investigation tendance cold case.
« Oran, Algérie. Le commissaire Kémal Fadil est appelé sur un chantier de rénovation du quartier de la Marine, où viennent d’être retrouvés des restes humains datant vraisemblablement des années 1960. Il semble qu’il s’agisse d’un enfant qui portait autour du cou un crucifix. L’enquête ne s’annonce pas simple ! En réalité, elle avait été commencée bien plus tôt, menée par des policiers français… »
Ce résumé m’a immédiatement évoqué Indridason et de fait, de par sa belle plume et de par sa narration Ahmed Tiab peut être considéré comme un disciple convainquant du maître islandais dès ce premier essai.
Personnellement, ce roman m’aura permis d’avoir une image d’ Oran moins empreinte de relents de colonialisme. Enfant j’ai fait mes premiers pas incertains dans cette ville, fils d’un militaire en garnison à Oran. Alors cet aspect émotionnel influence peut-être mon comportement de lecteur et de chroniqueur mais j’ai effectivement été séduit par ce roman.
En présentant Oran aux débuts des années 50 au crépuscule des colonies avec l’arrivée d’un Breton, obscur fonctionnaire et personnage central de l’intrigue policière, puis au début des années 60 pendant les années de la Révolution et enfin de nos jours, Ahmed Tiab montre son attachement à la ville, décrit ses gens, son ambiance la faisant ressembler à tant d’autres belles villes méditerranéennes.
Dans une première partie, nous faisons connaissance avec Kémal commissaire de police et de son pote Moss légiste en chef et version algérienne de Clete Purcel par sa corpulence, ses goûts vestimentaires et sa fidélité en amitié. L’environnement du héros ne nécessitait peut-être pas autant de précisions même si c’est l’occasion de rencontrer un homme comme Che Guevara venu soutenir le peuple algérien qui venait de conquérir son indépendance mais aussi de bien asseoir ce qui semble bien être le premier volume d’ une série.
Puis une histoire de sales types racontée avec une plume précise et agréable. Un coup pourri pensé et réalisé par des minables, une tragédie prévisible et un immunité gagnée à la faveur du flou de cette période qu’évoque l’auteur par petites touches montrant les rapports qui régissaient Français et Algériens à l’époque. Si ce n’est absolument pas un polar sur la guerre d’Algérie, elle est néanmoins souvent présente en arrière plan comme les problèmes actuels, d’émigration communs à toutes pays du bassin méditerranéen, de fanatisme religieux.
Une belle surprise.
Wollanup.
PS: j’aurai quand même une question perfide…Pourquoi le crucifix présent sur certaines couvertures trouvées sur le web a-t-il disparu de la couverture officielle du roman ?
me donne envie…Mais j’ai du neuf, alors je vais attendre. Un Clete Purcell algérien, très tentant quand même
Oui,c’est réussi comme roman avec un beau style.Et tu as du neuf Simone…
perfide ?
La réponse est que l’auteur n’aimait pas la couverture,tout simplement.
Bonjour, j’ai effectivement demandé à retirer le crucifix de la première couverture -qui semble t-il ne devait pas encore apparaître à l’époque sur le net- j’ai estimé que l’image du crucifix allait peut-être mettre le lecteur sur une autre histoire. L’aspect religieux étant extrêmement secondaire dans mes propos, l’intention aurait été biaisée. Merci infiniment pour cet article très encourageant pour un premier roman. A bientôt donc pour la suite des enquêtes de Kémal Fadil !
Bonjour Ahmed,
C’est royal quand c’est l’auteur qui vient expliquer ses choix. Vous avez raison ,l’aspect religieux n’avait nul besoin d’être mis en valeur.J’aurais bien aimé vous poser quelques questions…d’ailleurs je vous en ai parlé sur votre page FB mais pas sur la bonne page.J’ai beaucoup aimé votre roman et j’espère que le bouquin va bien fonctionner.
Wollanup.
Bonjour,
Vous pouvez me contacter en MP sur le FB dédié ici : https://www.facebook.com/Ahmed-Tiab-187883648227487/?ref=hl
A bientôt.