Chroniques noires et partisanes

LA VIE DONT NOUS RÊVIONS de Michelle Sacks / Belfond.

Traduction: Romain Guillou.

« Sam et Merry ont quitté New York pour s’installer dans un cottage en Suède et élever leur bébé au grand air. Loin de la grande ville, de ses tentations, de sa souillure, les voilà libres de se réinventer. 
Sam, en homme viril et fidèle qui assure le confort et la protection des siens. Merry, en tendre épouse qui s’adonne à ses nouveaux devoirs de mère au foyer.
Le tableau idéal : au cœur de la nature, l’homme, la femme, l’enfant.

Mais aussi Francesca, la meilleure amie de toujours, venue leur rendre visite.
Francesca, la citadine, la sublime, la femme libre.
Francesca, qui ne se sent chez elle nulle part, qui n’a jamais été choisie par un homme, et qui a de très vieux comptes à régler…
« 

Michelle Sacks est née au Cap en Afrique du Sud et vit actuellement en Suisse. Après avoir été remarquée pour ses nouvelles, elle est passée au roman l’an dernier avec “ La vie dont nous rêvions” et ce premier essai dans le genre polar psychologique nous est offert dès ce printemps par Belfond. Alors, certains ont déjà dû quitter la page, à tort, à mon avis en entendant “psy”. Ce genre de huis clos où un couple et ses “satellites”, enfants, parents, amis se fait et se défait n’est pas forcément ma tasse de thé et indéniablement Michelle Sacks a un vrai talent pour ainsi réussir dans un genre vu et revu sous toutes les latitudes du monde, à de multiples époques avec des intrigues bien souvent bancales où moult “deus ex machina” permettent à l’auteur de se sortir du pathos, de la galère.

Cette histoire du couple et de la copine d’enfance qui vient les visiter, créant petit à petit un ambiance déplaisante jusqu’au drame, on l’a lue très souvent. Michelle Sacks peint d’abord les trois personnages Sam, son épouse Merry puis Franck l’amie de Merry, dans leur petit coin de paradis de bobos de la génération facebook qui aime bien montrer, étaler son bonheur, sa réussite, photographier ses doigts de pied avec une mer turquoise en arrière plan ou son assiette au restaurant. Du déjà lu certainement mais intelligemment, l’auteur donne des indices, entrouvre des aspects sombres, manipule la boîte de Pandore, crée de multiples fausses pistes dans une intrigue qui, si elle n’est pas miraculeuse non plus, est néanmoins de bonne facture.

Alors, selon votre âge, vous allez adhérer plus ou moins au fonctionnement de ces trentenaires à qui la vie a pas mal réussi, leur psychologie, leurs motivations et en conséquence leurs tourments, leurs interrogations vous paraîtront plus ou moins recevables. J’imagine qu’un lecteur à Mossoul ou à Sanaa aura bien du mal à comprendre leur désarroi et leur souffrance existentielle.

“Je dois arrêter d’essayer de les comprendre. Les laisser à leur monde précaire de faux-semblants et trouver ma voie ailleurs”

Une méchante tragédie fera exploser le triangle magique et chacun donnera son interprétation du marasme, tentera de comprendre les pensées et agissements des deux autres. En proposant de nouvelles hypothèses, en levant le rideau sur certains secrets, Michelle Sacks continue de tromper, de parsemer la situation de faux-fuyants troublants. Chaque lecteur aura son interprétation mais sera dupé, finement, jusqu’à la dernière ligne et même au delà …

Vicieusement toxique.

Wollanup.


2 Comments

  1. Christelle

    Chronique très intéressante pour ce livre autour duquel je tournicote, hésitante à l’acheter par peur du dejà lu …

    • clete

      Bonjour Christelle,
      Pour ma part, alors que c’est très loin de mon petit domaine habituel, j’ai été assez bluffé. Du déjà lu sur le thème, c’est certain mais très bien réalisé.
      merci de ton passage.

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