Traduction: Samuel Sfez.
« Le commissaire Rocco Schiavone est romain jusqu’au bout des ongles : snob, macho et ronchon, il est doté d’un humour noir dévastateur. Muté à Champoluc dans le val d’Aoste, il vit son départ en province comme un exil. À son corps défendant, il doit quitter sa paire de Clarks adorée pour porter de répugnants après-ski et considère ses nouveaux collègues comme des ploucs.
Peu après son arrivée, on trouve le cadavre d’un homme sur une piste de ski, écrasé sous une dameuse. Accident ou meurtre? Quand le médecin légiste découvre un foulard dans la gorge de la victime, le doute n’est plus permis. Schiavone se plonge alors dans une enquête rocambolesque, freiné par son ignorance, voire son mépris, de la région et de ses usages. Mais certains habitants de cette vallée hostile et glaciale trouvent grâce à ses yeux. Notamment une habitante : la somptueuse Luisa Pec… »
J’avais beaucoup aimé la deuxième aventure de Rocco Schiavone Froid comme la mort , flic romain pur souche tendance exclusive, nommé dans la vallée d’Aoste et la troisième Maudit printemps a d’ailleurs trouvé grâce aux yeux difficiles de Chouchou. L’été m’a semblé la bonne période pour lire le premier opus, qui, en général, installe le héros. Du coup, de par ma lecture précédente et postérieure dans le cycle Rocco Schiavone, je n’ai pas ou moins eu les surprises qui vous attendent en découvrant cet odieux et attachant sous-préfet (commissaire) qui vomit à la population locale son fort mécontentement d’exilé .
Les Ritals font vraiment de bons polars et Manzini devrait gagner ici, comme en Italie où une série de la RAI est consacrée aux enquêtes de Rocco Schiavone, un large public avec ces romans qui font décidemment penser que beaucoup d’auteurs transalpins ont été fortement et durablement influencés par les polars de Manchette ou de Fajardie. Le ton est vif, les dialogues sont au cordeau, il suinte des propos de Rocco beaucoup de méchanceté, d’ironie et de morgue, une contenance hautaine et méprisante pour tout ce qui n’est pas Rome. Rocco n’est pas un petit saint et demeure meurtri par des failles qui sont évoquées mais pas vraiment racontées : on installe juste le personnage. Alors, les fans de Camilleri trouveront peut-être que l’attitude de Rocco devant ses subordonnés ressemble un peu trop à celle de Montalbano envers ses adjoints ignares mais ce n’est que fugitif, au tout début, et totalement absent du deuxième roman. Si Rocco sait se montrer ignoble de manière quasi naturelle et spontanée, il peut apparaître par ailleurs, fort sympathique par ses démonstrations d’irritation et mauvaise foi tout comme ses petites habitudes : porter des clark’s dans la neige, fumer un petit pétard en arrivant au boulot le matin… Et puis c’est un Rital quand même et toutes ses relations avec les femmes sont autant de démonstrations réussies ou gravement plantées du charme à l’italienne.
« Je suis le pire des fils de pute, …Et je dois me faire face chaque jour. Dans le miroir, dans une flaque d’eau, quand je conduis, quand je mange et quand je vais aux chiottes. Et même quand je vois ce putain de ciel gris que vous avez par ici. Toujours. Un jour ou l’autre, je paierai mon dû. Mais je n’ai pas de cadavres innocents sur la conscience. Si d’après toi ça ne suffit pas, je m’en bats allègrement les couilles. »
« Piste noire » est un bon roman d’investigation, un whodunit qui fonctionne très bien, rien de génial (le second est bien meilleur encore) mais du solide, des preuves bien établies avec le souci du détail où on apprendra la vérité dans un lieu bien original et dans des circonstances très déplacées.
Parfait pour les vacances.
Wollanup.
Fort alléchant, mon cher ! Ah ! les clarks !
L’Italie est au top en ce moment côté littérature, dans ce genre et dans les autres, je trouve
Forts, les Ritals en effet.
j’ai adoré le roman Piste noire, Il a été adapté pour la télévision italienne avec dans le rôle du commissaire l’acteur Marco Giallini (choix (très pertinent).
La diffusion du premier épisode a suscité de vives polémiques de la part du ministère de l’intérieur quant à la représentation d’un inspecteur fumeur de pétards.
Ci dessous le lien vers l’entretien qu’a donné l’auteur au journal Le Monde entièrement
http://www.lemonde.fr/livres/article/2017/08/17/antonio-manzini-le-polar-surligne-les-failles-de-la-societe_5173256_3260.html
Merci Victoria pour ce lien.La réaction du public italien aurait sûrement été beaucoup moins véhémente si le commissaire s’était arsouillé au whisky dès le matin.