Doit-on encore présenter Arnaldur Indridason qui, en quinze ans, a contribué à une meilleure connaissance, au moins en surface, de l’Islande. D’ailleurs, chez Métailié, ils ont le duo gagnant pour avoir une vue assez précise du pays entre Indridason et ses “cold cases” et Arni Thorarinsson et ses enquêtes journalistiques beaucoup plus actuelles.

“Une femme est assassinée chez elle. Sur son bureau, on retrouve le numéro de téléphone de Konrad, ancien policier. L’enquête révèle rapidement qu’elle l’a contacté récemment pour lui demander de retrouver l’enfant qu’elle avait mis au monde puis abandonné à la naissance cinquante ans plus tôt. Maintenant désolé de lui avoir refusé son aide, Konrad s’emploie à réparer son erreur. Il retrouve les membres d’un mouvement religieux contre l’avortement et reconstruit l’histoire d’une jeune fille violée dans le bar où elle travaillait. Il retrouve aussi un clochard équivoque, des trafiquants de drogue et même des fragments de l’histoire de la mort violente de son père.”

A force de chroniquer Indridason, l’inspiration fuit. Quoi de neuf chez le grand auteur islandais? Eh bien, déjà l’adjectif “neuf” colle assez mal à Indridason. S’il a bien diversifié les personnages, les enquêteurs ou Erlendur, son héros le plus récurrent, à diverses périodes de sa vie, il n’a jamais plus atteint ses grandes réussites de début de carrière comme “La cité des jarres”, “La femme en vert” ou “La voix”. 

Attention, cela reste toujours et encore d’un très bon niveau, bien au-dessus de la moyenne, mais finalement on s’est peut-être habitués voire un peu lassés de ces histoires qui ont souvent le même schéma narratif. Il y a chez Indridason, beaucoup d’empathie pour les sans grades, les minorités opprimées ou oubliées, les anciens. On privilégie la mémoire collective, les racines, les témoignages des plus anciens, des anonymes, dans une forme et un rythme qui rappellent souvent Simenon. 

On retrouve tout cela dans “La pierre des remords”, animé par la ténacité de l’ex policier Konrad, clone très convenable d’Erlandur, qui conclut ici, de bien belle manière, la trilogie qui lui était consacrée. Deux investigations qui sont autant de quêtes de sang, retrouver l’enfant de la vieille dame assassinée et retrouver le ou les meurtriers de son père. Comme les deux événements datent de plusieurs décennies, l’enquête s’avèrera délicate, minutieuse, les témoins de l’époque étant tous fort âgés et parfois en guerre avec leur mémoire, leurs souvenirs. Pas très rock n’roll tout cela bien sûr mais en revanche profondément humain.

Clete.