Giampaolo Simi n’est pas un inconnu et cessera de l’être pour vous une fois que vous aurez terminé ce roman tant il est bon. Je pense vraiment retourner très rapidement dans la bio de cet auteur italien, un de plus et encore une fois c’est du bon.
« J’ai une deuxième vie : celle de Furio Guerri, le monstre. » C’est ainsi que commence la confession du héros de ce livre, commercial dans une société d’imprimerie, bien sous tous rapports. Soigner son sourire et ses chaussures, tel est le secret, selon lui, du bon vendeur. Il a une belle maison dans la province de Pise, une femme qu’il aime, une fille pour qui il s’efforce d’être un père présent et compréhensif. Un modèle.
Mais, derrière les apparences, il y a la face obscure de Furio, qui passe certaines de ses journées sous une identité d’emprunt, rôde pour une raison obscure près d’un lycée, et épie les jeunes filles.
Quand il commence à connaître quelques soucis professionnels et qu’il découvre que sa femme, Elisa, lui cache des choses, le vernis de respectabilité commence peu à peu à se craqueler. La tension monte, jusqu’à devenir insupportable. Va-t-il parvenir à se contrôler encore longtemps ? »
J’apprécie généralement les quatrièmes de couverture qui évitent des erreurs impardonnables pour qui entend donner envie de lire un roman mais parfois, il faut se méfier de ces béquilles éditoriales et lorsqu’on met en exergue cette phrase « J’ai une deuxième vie : celle de Furio Guerri, le monstre. » qui est, il est vrai, le début du roman, cela donne néanmoins à penser qu’on va nous raconter une nouvelle histoire de serial killer, un sociopathe italien et en fait ce n’est pas du tout le propos et les fans de ce genre d’histoires seront déçus.
Pourtant, pendant un tiers de l’histoire, on peut encore y croire ou le redouter quand Furio nous raconte ses deux vies, celle de commercial pourri dans un monde de pourris tentant de se faire sa place au soleil et puis celle de mateur de collégiennes et on pense, que malgré une très belle plume nous permettant d’être vraiment dans le cerveau du « héros », une histoire de meurtres ou viols de jeunes filles est en approche. Malgré cela, des bouts de phrases, des réflexions, provoquent certaines interrogations donnent comme des indices pour la résolution d’une énigme qu’on ne connait malheureusement pas. C’est l’Italie de la fin de l’ère de Berlusconi où le milieu de l’imprimerie se prend la mondialisation dans la gueule, se faisant voler des contrats locaux par Hong Kong.
Et puis, vers la centaine de pages, j’ ai été franchement épaté, on comprend petit à petit ce qu’il se passe vraiment, le drame qui s’est produit… et c’est magnifiquement agencé en deux histoires qui vont foncer de façon parallèle pour nous raconter une tragédie mais pas du tout l’histoire, que, personnellement, je redoutais.
On est dans l’univers de Thomas H. Cook, de Bayer où le suspense est distillé artistiquement au détour d’une phrase banale, dans une description sans intérêt, pièces précieuses d’un funeste puzzle. On peut citer aussi et pour de multiples raisons « les apparences » et je dirai que « la nuit derrière moi » a des atouts indévoilables qui le rendent bien supérieur à l’excellent roman de Gillian Flynn.
On peut aussi y découvrir un portrait de la fin des années Berlusconi avec une Italie froide, maussade en proie aux mêmes difficultés que partout ailleurs et l’entreprise et les pressions sur les employés version italienne. Mais surtout vous avez un roman qui reste longtemps dans la tête tant l’histoire prête à de nombreuses interprétations, à des moments d’émotion. Vraiment le genre de bouquin que vous prêtez à vos amis parce que vous avez envie d’en parler avec eux et je trouverai sûrement l’occasion de discuter avec Claude car nos opinions sur Furio, visiblement diffèrent.
Excellent.
Wollanup.
Salut W.
Ayant attribué un (rare) Coup de cœur à ce roman, nous sommes du même avis sur sa (très belle) qualité. Quant au personnage de Furio Guerri, il y a en effet beaucoup à dire. Arriviste, il a cru au « système », avant que… D’accord aussi avec toi sur la 4e de couv’, inexacte.
Amitiés.
Il mérite bien un coup de coeur.Grand roman.
Amitiés.
C.
Tentant
vraiment excellent Simone.